13 milliards d'humains en 2100 ?


 
 Contrairement aux pronostics des experts depuis plusieurs années, la population humaine ne devrait pas se stabiliser au milieu de ce siècle, mais va continuer d’augmenter rapidement : avec une probabilité de 80 %, elle sera comprise entre 9,6 et 12,3 milliards d’individus en 2100, et pourrait même atteindre 13 milliards à la fin du siècle, contre 7 milliards aujourd’hui. L’Afrique à elle seule pourrait voir sa population quadrupler, passant de 1 à 4 milliards d’habitants.

Ces projections sont issues d’une étude réalisée en association par les Nations unies et l’université de Washington, à Seattle (États-Unis),...



 qui vient d’être publiée en ligne dans la revue Science. L’étude, dirigée par les démographes Patrick Gerland et Adrian Raftery, contredit les pronostics avancés par la plupart des spécialistes depuis une dizaine d’années, selon lesquels l’effectif global de l’humanité devrait plafonner autour de 9 milliards vers le milieu du siècle. Or, cette étude utilise pour la première fois une méthodologie faisant appel à des techniques probabilistes pour établir les courbes démographiques les plus plausibles. L’équipe de chercheurs s’est appuyée aussi sur les résultats des recensements les plus récents (2010-2012) ainsi que sur les données d’incidence, de prévalence et de traitement du sida dans les pays les plus touchés, qui n’avaient pas été prises en compte jusqu’ici.

Les Nations unies publient tous les deux ans des projections sur la population mondiale, mais leurs calculs précédents ne faisaient pas appel à l’analyse probabiliste. Les démographes des Nations unies recouraient à l’opinion d’experts pour estimer les taux de natalité à venir. Or, selon Adrian Raftery, interrogé dans Science, les experts « ont du mal à intégrer les données les plus récentes dans les estimations futures ». La nouvelle méthode utilisée par les démographes a fait appel à des modèles statistiques, fondés sur les données historiques, pour décrire les tendances à venir des taux de fertilité dans les différentes régions du monde. Elle fournit, pour chaque continent et pour un certain nombre de pays, non pas une projection unique mais une fourchette de chiffres plus ou moins probables.

« L’utilisation de cette nouvelle méthode qui ne repose pas sur des suppositions mais sur des chiffres, et de nouvelles données sur l’Afrique, ont abouti à un changement important dans les projections globales de population », dit Raftery. En particulier, il apparaît que les taux de natalité en Afrique ne baissent pas aussi vite qu’on l’avait supposé, mais au contraire restent assez constants ou diminuent de plus en plus lentement. D’après l’étude, la population africaine sera, avec une probabilité de 95 %, comprise entre 3,1 et 5,7 milliards d’habitants en 2100, la valeur médiane étant de 4,2 milliards d’habitants. À la même échéance, la population du Nigeria devrait, avec une probabilité de 90 %, dépasser le demi-milliard d’habitants.
L’Asie devrait rester le continent le plus peuplé, mais sa population atteindra un pic autour de 5 milliards d’individus vers 2050, et décroîtra ensuite lentement. L’Amérique latine et l’Amérique du Nord verront leurs populations augmenter régulièrement, tandis que l’Europe va stagner puis devenir de moins en moins peuplée.

Gerland, Raftery et leurs collègues ont aussi analysé le degré de vieillissement des populations dans différentes régions. Un indicateur de ce vieillissement est le rapport entre l’effectif des 20-64 ans et celui des plus de 65 ans. Schématiquement, cet indicateur représente la proportion des actifs par rapport aux retraités. Actuellement, le pays où il est le plus bas est le Japon, où il s’établit à 2,6.

En Allemagne, ce taux est aujourd’hui de 2,9 et devrait être divisé par deux d’ici la fin du siècle, ce qui le conduira bien en dessous du niveau actuel du Japon. Les États-Unis, eux, devraient passer de 4,6 aujourd’hui à 1,9 en 2100. Toutefois, si le vieillissement des pays développés est connu depuis longtemps, l’étude de Gerland et Raftery montre aussi que des pays en développement qui ont aujourd’hui des populations jeunes vont également être touchés par le phénomène. Ainsi, la Chine va probablement descendre en dessous du niveau des États-Unis, et le Brésil aura une proportion de personnes âgées proche de celle de l’Allemagne en 2100.
Globalement, la forte progression de la population mondiale remet le problème démographique à l’ordre du jour, même si l’on ne doit pas s’attendre à retrouver le rythme du siècle dernier. La population mondiale a doublé entre 1960 et 1999, passant de 3 milliards en 1960 à 4 milliards en 1975, 5 en 1987 et 6 en 1999. Le seuil des 7 milliards a été franchi en 2011.


Dans les années 1960, le démographe américain Paul Ehrlich mettait en garde contre les risques de la « bombe P » (pour « population »). Mais elle n'a pas explosé, et le rythme de la croissance démographique a sensiblement diminué. Il faudra seize ans pour gagner un nouveau milliard et atteindre, en 2027, la marque des 8 milliards d'hommes. L’expansion démographique devrait en fin de compte s’arrêter après 2100.
Il n’en reste pas moins que le pic de population sera probablement atteint une cinquantaine d’années plus tard que ce que l’on prévoyait et sera plus élevé que ce que l’on avait anticipé. Ce décalage devrait conduire à revoir les pronostics sur le changement climatique et la pollution, ainsi que les modèles destinés à décrire les grandes tendances de l’économie mondiale.

Source médiapart

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