Ukraine, un chemin étroit entre romantisme révolutionnaire et prudence politique ?


Statue de l'archange Mickaël à kiev symbole de la ville.

Il y a que les philosophes pour voir du romantisme révolutionnaire dans le sang et les larmes de Kiev, cependant ce papier est bien fait. 

Bien sûr nous aimerions tous, que nos amis de l'est puissent enfin sortir de l'ornière dans laquelle le pays est plongé. Sans les Jeux les évènements tels qu'ils se sont passés n'auraient sans doute pas existés.
L'Ukraine ruinée en Europe sera prise en charge par le FMI. Va-t-il remplacer les oligarques par des multinationales avides... Les printemps arabes ont tournés courts vers le despotisme et l'insécurité.

Que va faire la Russie après les jeux ? Elle se sait visée directement.  
Le dictateur Poutine pourtant dit libéral en 1999, porté au pouvoir avec l'aval de l'Ouest après le fantasque Eltsine, va-t-il fléchir et lâcher du lest, on peut en douter, lui qui rêvait de récupérer l'Ukraine, la suite le dira. 

Si l'Ukraine passe en Europe, c'est le début de la fin pour le clan Poutine, car sans aucun doute la Russie un jour basculera, elle aussi dans le clan européen. L'histoire fait son chemin petit à petit...dans 10 - 20 - 30 ans ? Pour le meilleur ? Cela aura encore pour nos amis de l'Est le goût des larmes et du sang. 

Je vous propose un commentaire essayiste sur ces évènements rédigé par un philosophe digne de ce nom. (Ne serions nous pas tous des philosophes nous aussi ?) C.R.



La place Maidan à Kiev avant et après les évènements de ces derniers jours

Cela devient une habitude de notre philosophe national, Bernard-Henri Lévy, d’associer la grandiloquence de ses mots aux conflits que le monde connaît. Libye, Mali, Syrie et maintenant Ukraine. Il manie une poétique binaire où les gentils sont gentils et les méchants sont méchants, poétique qui ne peut à la fin qu’exacerber les haines. Son dernier discours sur la place Maidan est en ce sens caricatural. BHL est trop extrême dans ses agitations pour que l’on puisse en faire un cas général, mais remarquons une tendance occidentale à un certain romantisme révolutionnaire, que l’on avait déjà perçu lors des Printemps arabes. Or, dans cette exaltation qui met pourtant en scène de belles passions pour de justes combats, certains, au premier rang desquels BHL, semblent oublier la vertu de la prudence vantée par Aristote, d’autant plus essentielle lors des conflits armés qu’il en va de la vie de civils. Tout est là : les Ukrainiens comptent leurs morts.

Michel Eltchaninoff, de Philosophie Magazine, remarquait hier avec justesse sur Arte que le régime de Ianoukovitch avait adopté la stratégie des russes en Syrie : l’exaspération. En provoquant systématiquement les manifestants, le régime compte sur la réaction de ces derniers pour justifier ensuite le recours aux armes et encourager les dissensions au sein de l’opposition. Dans le contexte d’une Ukraine surarmée, pays où le trafic d’armes né de la dislocation du bloc soviétique fait florès depuis les années 90s, une telle exaspération entretenue par le régime pourrait s’avérer tragique. L’exaltation romantique, quelles que soient la pureté et l’honnêteté des sentiments agités, pourrait in fine alimenter plus encore la prophétie de malheur que le Kremlin souhaiterait faire se réaliser. N’oublions pas que cette stratégie a malheureusement fonctionné en Syrie ! Ce qui pourrait advenir se ferait au détriment du peuple ukrainien, qui ne veut certainement pas d’une guerre civile, sur le modèle de l’explosion de l’Ex-Yougoslavie. Cette stratégie de l’ « exaspération » devrait plus encore encourager la recherche de la prudence.

Les opposants EuroMaidan ont largement changé de visage depuis trois mois. Sans entrer dans la polémique sur la présence de l’extrême-droite néonazie sur les barricades, qui semble visiblement être très faible par rapport  à la masse immense des démocrates, les revendications des opposants semblent avoir basculé de la question européenne à celle, plus interne, de la corruption et de l’autoritarisme du régime de Ianoukovitch.

Ce basculement d’un point de vue international à un angle intérieur pourrait faciliter la voie d’une solution politique, car la rivalité Est-Ouest pourrait ainsi plus aisément s’estomper. Et c’est cette fois-ci notre diplomate national, Dominique de Villepin

Alexandre Terletzski
Ancien professeur de philosophie, formé à la Sorbonne, descendant d’une famille d’Odessa, Alexandre Terletzski a longtemps enseigné la philosophie en lycée.

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