L'ONG qui donne de l'argent aux pauvres, sans conditions, pour lutter contre la pauvreté
Donner de l'argent reste le moyen le plus simple de lutter
contre la pauvreté
- L'ONG qui donne de l'argent aux pauvres, sans conditions, pour lutter contre la pauvreté .
- «Est-ce dingue de donner aux pauvres sans conditions?», s'interroge le New Times ?
- L'Afrique pourrait réussir à réduire sa pauvreté de moitié !
- L'ONG qui donne de l'argent aux pauvres, sans conditions, pour lutter contre la pauvreté. Cela a l'air évident, mais c'est le cas: les pauvres ont
besoin d'argent. Une expérience ougandaise le prouve.
La pauvreté est, à la base, un manque d’argent. N’est-il donc
pas simple et logique d’imaginer qu’en donner aux pauvres peut efficacement la
soulager?
Les dons d'argent aux Américains pauvres ont donné de bien
meilleurs résultats que ce que pensent la plupart d'entre nous. Pour ce qui
concerne les pauvres du monde –les centaines de millions d’habitants des
bidonvilles et de fermiers pratiquant l’agriculture vivrière qui peuplent
encore la planète– on s’autorise un plus grand scepticisme. Peut-être les
problèmes de ces malheureux sont-ils simplement si profonds et si compliqués
qu’ils ne peuvent se résoudre que par des plans de développement d’une grande complexité.
Peut-être, en effet.
Pourtant, il vient d’être prouvé que pour aider les plus
misérables, il suffit peut-être tout simplement de leur donner de l’argent.
L’argent accordé sans conditions relève non seulement de façon directe le
niveau de vie de ceux qui le reçoivent, mais augmente également le nombre
d’heures travaillées et la productivité du travail, ouvrant la voie à une
future croissance.
Ces résultats ont été soumis par Christopher Blattman de
Columbia, Nathan Fiala du German Institute for Economic Research et Sebastian
Martinez de l’Inter-American Development Bank. Ils laissent présager une
nouvelle approche prometteuse de la lutte contre la misère et étayent une explication
de ses causes dont lecaractère désuet est plutôt rafraîchissant.
Ces recherches proviennent d’un projet mis en œuvre en 2008
dans les régions très pauvres du nord de l’Ouganda. Le gouvernement y avait
annoncé un programme visant à donner à peu près l’équivalent d’une année de
revenus moyens (environ 382 dollars) à des jeunes de 18 ans à 34 ans. Ces
jeunes faisaient leur demande de subvention par petits groupes (pour simplifier
les étapes administratives) et devaient fournir une déclaration d’intention sur
la manière dont ils envisageaient d’investir cet argent dans un commerce. Mais
ces subsides étaient explicitement accordés sans condition –distribués en une
fois, sans obligation de résultat.
L'expérience ougandaise
On comprend aisément qu’une bonne petite injection de
liquide ne peut qu’enrichir ceux qui la reçoivent. Mais en principe, l’impact à
long terme pourrait s’avérer ambigu.
Donnez de l’argent à quelqu’un dont les seules perspectives
d’emploi sont un travail mal payé et désagréable, et il réagira peut-être
simplement en travaillant moins. Ce genre de revenu complémentaire augmenterait
le bien-être humain sans réellement créer de croissance économique.
Ce n’est pourtant pas ce qui s’est produit en Ouganda. Le
gouvernement a sélectionné 535 groupes –soit au total environ 12.000 personnes–
dans le cadre de cette expérience. Environ la moitié de ces 535 groupes,
sélectionnés au hasard, a réellement reçu l’argent, les autres n’ont rien eu.
Blattman, Fiala et Martinez ont ensuite suivi le parcours de 2.675 jeunes parmi
les groupes de récipiendaires et les groupes de contrôle, avant la distribution
d’argent, deux ans après et quatre ans après.
Les résultats ont montré que ce don avait des bénéfices
substantiels à long terme. Comme promis, les récipiendaires «ont investi la
plus grande partie de l’allocation dans des formations et des commerces»,
finissant par avoir «65% plus de chances de pratiquer un métier qualifié,
principalement dans l’industrie et les services artisanaux comme la menuiserie,
la ferronnerie, la couture ou la coiffure».
Par conséquent, les récipiendaires des subventions en
liquide, dotés de davantage de réserves de capitaux leur permettant d’investir,
gagnent plus d’argent –beaucoup plus. Comparé au groupe de contrôle, le groupe
de récipiendaires a constaté une augmentation de 49% de ses revenus au bout de
deux ans et de 41% au bout de quatre.
Ces retours sur investissements d’une étonnante rentabilité
évoquent l’une des explications de la croissance économique les plus anciennes
et les plus simples du monde. Selon cette théorie, la pauvreté est provoquée
par un manque de capitaux. Leur absence étant une telle source de misère, le
retour sur investissement dans les lieux frappés de pauvreté est extrêmement
élevé. Par conséquent, il suffirait que les capitaux passent rapidement des
zones riches aux zones pauvres pour faire grimper les revenus en flèche et
provoquer une convergence économique.
Il faut prêter de l'argent
En pratique cependant, ce n’est pas vraiment ce à quoi nous
assistons. D’où un tas de réflexions fort compliquées sur le rôle joué par les
institutions, les politiques publiques, la culture, les épidémies, et à peu
près tout ce qui existe sous le soleil.
L’expérience ougandaise suggère une réponse plus simple.
Peut-être n’y a-t-il pour les paysans pratiquant la culture de subsistance et
pour les travailleurs journaliers d’Afrique rurale aucun moyen d’accéder à des
prêts à des taux d’intérêt raisonnables. Quand de jeunes gens reçoivent de
l’argent gratuitement, ils montrent une telle capacité à bien s’en servir qu’il
vaudrait vraiment la peine qu’ils paient des intérêts pour en obtenir. Mais il
n’existe aucun équivalent ougandais des prêts étudiants subventionnés par
l’Etat permettant aux jeunes de lancer leurs carrières de tailleurs.
L’un des résultats les plus intéressants de cette expérience
est que les récipiendaires de ces allocations confient travailler 17% d’heures
de plus que les autres, ce qui laisse à penser que cet argent est une véritable
passerelle vers des opportunités économiques. Les bénéficiaires de subventions
augmentent à la fois la quantité et la qualité du travail fourni, ce qui permet
d’imaginer que la communauté au sens large doit forcément en récolter quelques
retombées positives.
Nul doute qu’avec cette stratégie, il existe des limites
très concrètes à l’ascension de l’échelle du développement: elle peut ne pas
fonctionner dans des pays modérément prospères accédant plus facilement aux
capitaux. Mais ces résultats sont extrêmement encourageants.
Une grande proportion des pauvres vit dans des pays (comme
l’Inde par exemple) disposant de suffisamment de ressources financières pour
entreprendre tout seuls de tels programmes de transferts de fonds. Et les
habitants du monde riche peuvent mettre la main à la poche. GiveDirectly est un
nouveau modèle d’organisation caritative très intéressant qui permet d'envoyer
directement de l'argent à des ménages kenyans. Au final, le message transmis
est que soulager d’un grand poids la misère mondiale est peut-être plus simple
que ce que pensent la plupart des gens. Les pauvres ont simplement besoin
d’argent.
Matthew Yglesias. Traduit par Bérengère Viennot slate.fr
2. «Est-ce dingue de donner aux pauvres sans conditions?»,
s'interroge le New York Times.
Le journal s'est rendu dans un petit village du Kenya, à la
rencontre d'habitants qui ont reçu 1.000 dollars de l'organisation non
gouvernementale GiveDirectly, sans aucune obligation en échange.
Souvent, les ONG proposent des choses, comme des médicaments
ou des outils, ou bien des compétences, comme une formation en agriculture,
dans l'idée de résoudre les problèmes économiques à long terme plutôt que les
besoins urgents.
Et même quand elles donnent de l'argent, comme c'est devenu
plus courant ces dix dernières années, c'est de l'argent sous condition: après
la crise économique au Mexique au milieu des années 90, l'économiste du
gouvernement Santiago Levy a par exemple proposé de remplacer les subventions
pour le lait et autres aliments de bases par un programme qui donnait de
l'argent aux plus pauvres, à la condition qu'ils envoient leurs enfants à
l'école et chez le médecin.
GiveDirectly s'inspire de cette expérience réussie, et des
programmes similaires lancés dans d'autres pays, mais avec une différence:
l'ONG donne de l'argent sans contreparties, et en une seule bourse répartie sur
plusieurs mois (contrairement à de nombreux programmes gouvernementaux qui
donnent de l'argent aux gens tant qu'ils rentrent dans les critères).
Le New York Times se demande si ce soulagement n'est pas que
temporaire. Après tout, les habitants de Siaya ont des toits neufs, mais ils
ont toujours des sols en terre et ni eau courante ni électricité. Cependant,
une étude menée sur un projet du même type en Ouganda est encourageant.
Matt Yglesias rapportait sur Slate ce projet mis en oeuvre
en Ouganda en 2008: le gouvernement y avait annoncé un programme visant à
donner l'équivalent d'une année de revenus moyens (environ 382 dollars) à des
jeunes de 18 à 34 ans dans les régions très pauvres du nord du pays, distribué
en une fois sans obligation de résultat.
Or l'argent accordé sans conditions a non seulement relevé
de façon directe le niveau de vie de ceux qui le reçoivent, mais a également
augmenté le nombre d’heures travaillées
et la productivité du travail, ouvrant la voie à une future croissance, comme
s'en sont aperçus des chercheurs.
Et l'effet bénéfique n'était pas que sur le court terme, au
contraire. Les chercheurs ont suivi des jeunes sur quatre ans, et se sont rendus
compte que les récipiendaires «ont investi la plus grande partie de
l’allocation dans des formations et des commerces», finissant par avoir «65%
plus de chances de pratiquer un métier qualifié, principalement dans
l’industrie et les services artisanaux comme la menuiserie, la ferronnerie, la
couture ou la coiffure». C.D. slate.fr
3.L'Afrique pourrait réussir à
réduire sa pauvreté de moitié
Pour tous ceux qui pensaient que
l'Afrique est le continent perdu du développement, voici une étude qui dynamite
toutes les idées reçues.
Les rédacteurs de la revue
Foreign Policy, sur leur blog Passport, mentionnent une étude intitulée «La
pauvreté en Afrique diminue bien plus vite que vous ne le croyez!», publiée le
17 janvier. Les deux auteurs, Maxim Pinkovskiy du Massachussetts Institute of
Technology et Xavier Sala-i-Martin de Columbia University, concluent que le
continent africain est depuis 1995 en pleine croissance, et que celle-ci s'est
accompagnée d'une réduction de la pauvreté sans précédent.
A tel point que le continent
pourrait atteindre les objectifs du Millénaire (réduire de moitié le nombre de
personnes vivant avec 1 dollar ou moins par jour d'ici à 2015) avec seulement
deux ans de retard. Et trois ans en avance si l'on retire des statistiques la
République démocratique du Congo, ravagée par la guerre.
Autre enseignement du rapport,
c'est que la croissance observée depuis 1995 a eu tendance à réduire les
inégalités au lieu de les augmenter, à la fois entre les pays et à l'intérieur
de ces derniers. Les auteurs utilisent pour cela le coefficient de Gini, qui
mesure le degré d'inégalité dans la distribution des revenus dans la société (0
est l'égalité parfaite, 1 signifie qu'une personne concentre tous les revenus
du pays). Alors qu'en 1989 le coefficient de Gini était situé entre 0,66 et
0,67, il est descendu en 2008 à presque 0,63. Malgré cette amélioration, ce
taux place tout de même les pays africains parmi les pays les plus
inégalitaires au monde.
«L'Afrique va dans la bonne
direction», est la conclusion que tirent les auteurs de l'étude. Une étude qui
reste, comme ils le reconnaissent eux-mêmes, très optimiste. Surtout lorsqu'on
sait que l'étude ne tient pas compte de la récession mondiale de 2008 et 2009,
pour laquelle les statistiques ne sont pas encore disponibles.
[Lire l'article complet sur Foreign Policy]
- L'ONG qui donne de l'argent aux pauvres, sans conditions, pour lutter contre la pauvreté .
- «Est-ce dingue de donner aux pauvres sans conditions?», s'interroge le New Times ?
- L'Afrique pourrait réussir à réduire sa pauvreté de moitié !
- L'ONG qui donne de l'argent aux pauvres, sans conditions, pour lutter contre la pauvreté. Cela a l'air évident, mais c'est le cas: les pauvres ont besoin d'argent. Une expérience ougandaise le prouve.
3.L'Afrique pourrait réussir à
réduire sa pauvreté de moitié
Pour tous ceux qui pensaient que
l'Afrique est le continent perdu du développement, voici une étude qui dynamite
toutes les idées reçues.
Les rédacteurs de la revue
Foreign Policy, sur leur blog Passport, mentionnent une étude intitulée «La
pauvreté en Afrique diminue bien plus vite que vous ne le croyez!», publiée le
17 janvier. Les deux auteurs, Maxim Pinkovskiy du Massachussetts Institute of
Technology et Xavier Sala-i-Martin de Columbia University, concluent que le
continent africain est depuis 1995 en pleine croissance, et que celle-ci s'est
accompagnée d'une réduction de la pauvreté sans précédent.
A tel point que le continent
pourrait atteindre les objectifs du Millénaire (réduire de moitié le nombre de
personnes vivant avec 1 dollar ou moins par jour d'ici à 2015) avec seulement
deux ans de retard. Et trois ans en avance si l'on retire des statistiques la
République démocratique du Congo, ravagée par la guerre.
Autre enseignement du rapport,
c'est que la croissance observée depuis 1995 a eu tendance à réduire les
inégalités au lieu de les augmenter, à la fois entre les pays et à l'intérieur
de ces derniers. Les auteurs utilisent pour cela le coefficient de Gini, qui
mesure le degré d'inégalité dans la distribution des revenus dans la société (0
est l'égalité parfaite, 1 signifie qu'une personne concentre tous les revenus
du pays). Alors qu'en 1989 le coefficient de Gini était situé entre 0,66 et
0,67, il est descendu en 2008 à presque 0,63. Malgré cette amélioration, ce
taux place tout de même les pays africains parmi les pays les plus
inégalitaires au monde.
«L'Afrique va dans la bonne
direction», est la conclusion que tirent les auteurs de l'étude. Une étude qui
reste, comme ils le reconnaissent eux-mêmes, très optimiste. Surtout lorsqu'on
sait que l'étude ne tient pas compte de la récession mondiale de 2008 et 2009,
pour laquelle les statistiques ne sont pas encore disponibles.
[Lire l'article complet sur Foreign Policy]
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