Le Tour de France en Corse : c'est sur une autre planète et c'est génial

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ETAPE 2 – Bastia, Bus, Ovni, et Ministre accommodante



La première étape du Tour, de Porto-Vecchio à Bastia, promettait de n'être qu'une magnifique carte postale du littoral corse, sur laquelle Mark Cavendish devait s'incruster en maillot jaune. Mais rien ne s'est passé comme prévu, et le scénario écrit à l'avance a laissé place à une improvisation aussi réjouissante pour les spectateurs qu'insupportable pour les coureurs – hormis pour l'Allemand Marcel Kittel, 25 ans, maillot jaune, vert et blanc ce matin.
Le public avide de spectacle tient donc à remercier :


Le chauffeur du bus de l'équipe australienne Orica-GreenEdge, pour l'idée lumineuse consistant à se retrouver bloqué sur la ligne d'arrivée avec un peloton lancé à 60 à l'heure dix minutes derrière.

• Les commissaires de la course, pour la décision d'avancer l'arrivée de l'étape de trois kilomètres, et puis en fait non, finalement, de la maintenir là où elle était initialement prévue, une fois le bus débloqué.

• Le peloton, un brin nerveux, qui nous a offert une jolie chute, à cinq kilomètres du but, dont Peter Sagan, Alberto Contador et Andy Schleck pourront reparler tranquillement avant le départ aujourd'hui – personne n'est pénalisé, tout le monde a été classé dans le même temps.

• Marc Madiot, manager de l'équipe FDJ.fr, pour sa gueulante mémorable à l'arrivée, qui conclue avec une remarque à l'endroit du "président du jury des commissaires" (que En Danseuse tâchera de retrouver), sur laquelle on continue de méditer : "C'est un Espagnol, il peut rentrer chez lui."

En quatre-vingt dix-neuf Tours, nous n'avions donc pas tout vu. Pour la première étape de l'Histoire de la Grande Boucle courue sur son territoire, la Corse a eu l'honneur de vivre un incident inédit : en franchissant la ligne d'arrivée, le bus de l'équipe australienne Orica-GreenEdge s'est retrouvé coincé sous l'énorme panneau publicitaire qui la surplombe. Voyez plutôt :




L'incident aurait simplement fait sourire s'il ne s'était pas produit alors que le peloton était en train de rouler à toute berzingue à dix kilomètres à peine de la ligne d'arrivée. Et tandis que les équipes de sprinteurs bombardaient toujours à près de 60 à l'heure à huit kilomètres du bout et que cet imbécile de bus ne parvenait pas à se dépêtrer de sa fâcheuse posture, on imaginait déjà, avec un mélange d'effroi et de fascination morbide, un sprint final tête baissée qui aurait occasionné le plus gros carambolage de l'Histoire de Corse.
Et puis les talkies-walkies et les oreillettes se sont mises à chauffer. Et puis l'organisation de la course a fait savoir que la ligne d'arrivée serait avancée de trois kilomètres. Alors le peloton s'est énervé et a connu de nombreuses chutes.
Et puis un petit génie a eu l'idée de dégonfler les pneus avant du bus, qui est parvenu à s'extirper de sa situation absurde. Et puis la ligne d'arrivée est redevenue la ligne d'arrivée. Alors l'Allemand Marcel Kittel, ses cuisses de pistard et sa chevelure de méchant russe dans Rocky IV ont gagné.
Henri Seckel

LOZACH CALME FOURNEYRON ET LES COUREURS
Toutes ces émotions ont presque fait oublier l'une des principales de ce sacré samedi, celle exprimée dans la matinée par des coureurs lassés de voir le doute coller à leur sport dans les médias. Anticipant la zizanie que risque de connaître le Tour le 18 juillet prochain, jour d'une étape de montagne décisive, et jour de la publication d'un rapport dévoilant les noms de coureurs dopés lors du Tour 1998, ils ont demandé un report pur et simple de la publication de ces noms. En fin d'après-midi, Valérie Fourneyron leur apportait gentiment son soutien, au micro de Gérard Holtz : "La commission d'enquête du Sénat [qui publiera le fameux rapport] a ses propres règles, c'est [aux sénateurs] de fixer leur calendrier, mais je pense, sans en avoir le pouvoir, qu'ils peuvent le regarder de façon plus pertinente aujourd'hui."
Dans la soirée, sur France Info, Jean-Jacques Lozach, rapporteur (PS) de ladite commission, a calmé tout le monde : "Qu'on nous laisse tranquilles. Je trouve complètement déplacée toute ingérence dans les travaux d'une commission d'enquête parlementaire, quelle qu'elle soit. La nôtre a son calendrier propre, indépendamment des événements sportifs nationaux ou internationaux. Elle concerne une stratégie globale de lutte antidopage portant sur les sports en général et non sur telle discipline en particulier, et encore moins sur une épreuve que l'on aurait ciblée. Je ne vois pas ce que le Tour de France a à craindre d'une telle commission d'enquête." Le 18 juillet prochain risque d'être une drôle de journée.

A part ça, hier, dans le ciel corse, on a vu un bateau.

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