La sable : une disparition programmée



A la fin du XXIème siècle, toutes les plages auront disparu. Tel est le constat alarmant que posent de nombreux scientifiques et ONG.
Aujourd'hui, le sable est devenu une ressource vitale : alimentation, cosmétiques, détergents mais aussi ordinateurs, mobiles et cartes bancaires ne pourraient exister sans lui.
C'est la ressource naturelle la plus consommée sur la planète après l'eau.
Mais c'est la fabrication du béton, composé de deux tiers de sable, qui accroît toujours plus la demande. Avec l'urbanisation galopante et l'explosion démographique des pays émergents, cette denrée est devenue la source d'enjeux faramineux.
Quant à cette matière granuleuse que nous foulons l'été sur nos plages, de quoi est elle faite ? D'où vient le sable marin ? Comment se forme-t-il ? Et par quels moyens, souvent délétères pour l'environnement,est-il extrait ?


A l'occasion de la diffusion mardi 28 mai à 20h50 sur Arte du documentaire de Denis Delestrac Le sable, enquête sur une disparition, nous accueillons le producteur Guillaume Rappeneau ainsi que le géologue Eric Chaumillon.


LE SABLE - ENQUÊTE SUR UNE DISPARITION

On le trouve dans le béton, qui alimente, au rythme de deux tonnes par an et par être humain, un boom immobilier ininterrompu. Mais aussi dans les puces électroniques, le papier, le plastique, les peintures, les détergents, les cosmétiques... Ce sable que nous aimons fouler du pied ou laisser filer entre nos doigts s'est glissé à notre insu dans tous les interstices de notre quotidien. L'industrie le consomme en quantités croissantes, plus encore que le pétrole. Peut-être parce que, contrairement à l'or noir, cette matière première perçue comme inépuisable est restée à ce jour pratiquement gratuite. Alors que le sable des déserts est impropre à la construction, les groupes du bâtiment ont longtemps exploité les rivières et les carrières. Puis ils se sont tournés vers la mer, provoquant ce qui est en train de devenir une véritable bombe écologique.
Car le sable joue un rôle essentiel dans la protection des côtes et l'équilibre des écosystèmes marins. Les conséquences de cette surexploitation apparaissent peu à peu au grand jour. Petit à petit, les appétits économiques ont grignoté au moins 75 % des plages du monde, et englouti des îles entières, en Indonésie et aux Maldives, tandis que Singapour ou Dubaï ne cessaient d'étendre leur territoire en important, parfois frauduleusement, du sable. Disparition des poissons, impact aggravé de l'érosion et des tempêtes, bords de mer devenus lunaires ... : face aux timides régulations adoptées pour tenter de limiter le pillage, la "ruée vers le sable" s'est en réalité accélérée, sous l'égide de grandes entreprises multinationales et de mafias locales.

(France, 2013, 74mn)
ARTE F

Date de première diffusion :Hier, 20h52Date(s) de rediffusion :Samedi, 1 juin 2013, 10h55


En Bretagne, le "Peuple des


 dunes" défend son sable

LE MONDE | 
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A la belle saison, l'archipel des Sept-Iles est un lieu de villégiature très couru. Fous de Bassan, cormorans huppés, petits pingouins, guillemots de Troïl, fulmars boréaux, goélands ou encore puffins des Anglais se pressent sur ce littoral des Côtes-d'Armor. C'est pour eux et les stars locales, une colonie de phoques - des habitués - et les macareux moines, et pour tout le secteur de la pêche et du tourisme aussi, que le collectif le Peuple des dunes se bat.


Dans sa lutte contre le projet d'exploitation industrielle qui doit venir se servir en sable coquillier au milieu de la baie de Lannion, à deux encablures de ce site exceptionnel, classé réserve naturelle depuis 1976, le collectif de 31 associations, créé en janvier 2012, vient d'envoyer au ministre du redressement productif une lettre très circonstanciée qui démontre lacunes et impacts du dossier. Arnaud Montebourg a autorité sur le dossier et c'est lui qui devra in fine accorder - ou non - le permis d'extraction.
L'entreprise pétitionnaire, la Compagnie armoricaine de navigation (CAN), filiale du groupe Roullier, a vu grand. Elle a demandé l'autorisation de prélever 8 millions de mètres cubes de l'immense dune de sable coquillier, située entre deux zones Natura 2000 distantes d'à peine un kilomètre, sur la touristique Côte de granit rose. La CAN vise une extraction, pendant deux décennies, de 40 0000 mètres cube par an de ce matériau destiné à l'amendement des sols agricoles.
FINE POUSSIÈRE
Les opposants au projet redoutent l'impact de la fine poussière rejetée par le bateau extracteur sur les fonds marins de la réserve, connus pour ses gorgones et ses eaux claires. Ils craignent en outre que la dune ne s'effondre. Celle-ci sert de frayère au lançon, une anguille des sables, dont les oiseaux de mer sont très friands, comme le sont bars et lieux. Le bruit et l'éclairage nocturne pourraientachever de rebuter toute cette faune.
Unanimes, les élus des treize communes riveraines de la baie de Lannion ont tous voté contre l'extraction. "Il y a toujours eu des sabliers par ici, concède Yvon Bonnot (UMP), maire de Perros-Guirec, mais là, les quantités n'ont rien à voir. J'ai souvent posé la question : pourquoi laisser un interstice entre deux zones Natura 2000 ? On nous avait répondu que c'était à cause des algues vertes..." Les élus s'interrogent : n'était-ce pas plutôt pour le sable coquillier ? Et quel impact aura l'arasement du gisement créé par les courants sur les plages de la côte ? Faudra-t-il les regarnir de... sable ? "Cette dune a plus de dix mille ans. On ne peut plus sepermettre d'épuiser comme ça les ressources naturelless'enflamme Joël Le Jeune (PS), le président de l'agglomération Lannion Trégor. La CAN a présenté son projet sur une base bien légère, sans tenir compte de nos intérêts économiques ni surtout de l'écosystème exceptionnel de notre littoral préservé."
"Ici, nous pratiquons une pêche écologiquement responsable et voilà !, s'emporte Philippe Priser, pêcheur de bars et de coquilles Saint-Jacques. Une centaine de bateaux sont concernés. La CAN prétend qu'elle n'a pas de problème avec les pêcheurs sur un autre site qu'elle exploite près de Bréhat. Normal, il n'y a plus personne, les fonds sont devenus lunaires..." Au nom de l'environnement, des homards, des ormeaux et des moules, pêcheurs et plongeurs sous-marins, plaisanciers et surfeurs, professionnels du tourisme et riverains se retrouvent donc dans le Peuple des dunes en Trégor, qui multiplie les réunions publiques. La Ligue de protection des oiseaux, gestionnaire de la réserve naturelle, les a rejoints pour dénoncer l'évaluation insuffisante des incidences du projet industriel sur ce "spot de biodiversité".
SOLIDE ÉQUIPE DE RETRAITÉS
La contre-offensive s'appuie sur une solide équipe de retraités déterminée et méthodique. Sur leur site Internet, on peut lire par exemple le compte rendu de l'enquête publique. Celle-ci prend acte de la forte mobilisation des opposants au projet et note que les rares opinions favorables exprimées émanent de marins de la CAN ou de la filière agricole. Le commissaire enquêteur recense les nombreux impacts sur l'environnement qui ont manifestement été "minimisés". Le projet a toutefois reçu un avis favorable.
Ce nouveau site d'extraction de sable coquillier est important pour la CAN. Il compenserait le maërl de la région - une algue fossilisée en voie d'épuisement et désormais protégée. L'entreprise n'a plus le droit de l'exploiter.
"Si nous renonçons à la baie de Lannion, il nous faudra faire venir du calcaire terrestre pour nos deux usines bretonnes, ce serait un coût supplémentaire et cela ferait circuler des tas de camions. Ce serait un non-sens écologique, expliqueBernard Lenoir, directeur de développement de la CAN dans les Côtes-d'Armor.Les coopératives agricoles en ont besoin. Si nous obtenons cette concession, nous compléterons notre dossier, nous mènerons des études supplémentaires sur l'écosystème si le préfet nous le réclame."
Cela ne suffira pas à renouer le dialogue avec les anti-extraction. "Nous ne sommes pas des militants écolos, nous défendons juste l'environnement", assure Alain Bidal qui préside le Peuple des dunes. "Sur terre, à la fin d'une concession de carrière, on doit remettre en état, pas en mer. C'est un terrain de sauvages alors ?", lance l'un de ses lieutenants. Si la concession minière est accordée, le collectif formera un recours. Si elle ne l'est pas, il est probable que la CAN le fera. Le gouvernement a jusqu'au 15 mars pour se décider.

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