La fermentation intestinale est devenue la principale cause de mortalité dans le monde occidental
La digestion :
Dr Bruno Donatini et Marion Kaplan
On
croyait bien connaître les préceptes d’une alimentation saine.
Pourtant, certaines recherches suggèrent qu’il faut remettre en cause
les effets attribués à un terrain acide, que le rôle des
neurotransmetteurs a été sous-évalué, que les dégâts causés par la
fermentation intestinale sont la cause de nombreuses pathologies et que
des protéines inconnues découvertes dans les produits laitiers sont
toxiques.
Il faut réévaluer le critère acido-basique
Aujourd’hui,
de nombreuses pathologies sont imputées à un pH trop acide et on
recommande fortement aux personnes soucieuses de préserver leur santé et
leur jeunesse d’éviter les aliments qui le favoriseraient, en
consommant plutôt les aliments basiques qui seraient antioxydants. Or il
semble que ce critère soit à revoir.
Prenons
l’exemple de la déminéralisation. On a récemment découvert qu’elle
n’était pas due à un pH trop acide mais aux effets d’une inflammation
chronique entraînée par un déséquilibre, en quantité et en qualité, des
bactéries intestinales.
Ce
n’est pas non plus l’acidité de la flore qui accélère le vieillissement
mais des infections virales chroniques de l’intestin grêle qui
perturbent l’absorption des aliments et provoquent des carences, par
exemple en vitamine D. La vitamine D, liposoluble, est absorbée dans
l’iléon terminal avec les graisses. Toute altération de l’iléon terminal
résulte rapidement en une baisse sévère du taux de vitamine D.
Autre
exemple, les rhumatismes se développent eux aussi à cause de carences
vitaminiques et de troubles du transit qui finissent par provoquer des
altérations des structures articulaires, et non pas à cause d’un excès
d’acidité sanguine.
Quant
aux maladies auto-immunes comme le diabète, les dysfonctionnements
thyroïdiens ou le cancer, elles sont à imputer avant tout à des
problèmes d’immunité.
C’est
vrai, l’acidité provoque une pullulation des bactéries intestinales,
puis une fermentation et une putréfaction du bol alimentaire. Mais, pour
les aliments, leur classement en « acide » ou « alcalin » est à revoir.
Par exemple, ceux qui fermentent sont toujours acidifiants car les
bactéries intestinales les transforment en alcool et acides butyrique,
acétique ou propionique. C’est ainsi que chez de nombreuses personnes,
la pomme de terre et la carotte sont acidifiantes… En revanche, les
aliments absorbés au niveau de l’intestin grêle ne passent pas par
l’étape de putréfaction et, du coup, sont alcalinisants. C’est le cas du
canard, riche en oméga-9, et des poissons gras (saumon, thon,
maquereau, etc.), riches en oméga-3, qui sont bel et bien antioxydants.
Toutes les idées reçues sur l’effet de l’acidité sont donc à revoir et continuent de faire l’objet de recherches.
Les neurotransmetteurs déterminent notre personnalité
Un
autre domaine passionnant explore le rôle des bactéries intestinales et
leur action sur les neurotransmetteurs, messagers chimiques de
l’organisme.
Le
fœtus n’a pas de flore bactérienne propre, il vit sur celle de sa mère.
Son premier essaimage a lieu au moment de sa naissance, grâce à la
flore vaginale de sa maman puis aux bactéries qu’il respire. C’est cette
flore primaire qui crée son milieu bactérien pour la vie entière. Une
flore secondaire la complète au contact du sein de la maman, au moment
des tétées. Si l’enfant n’a pas bénéficié de ces deux essaimages, sa
flore sera déficiente et lui sera toute sa vie plus fragile, plus
sensible aux allergies par exemple, mais aussi à de nombreuses
pathologies.
Or
c’est dans les intestins qu’on fabrique 70 % des neurotransmetteurs.
Une flore défectueuse engendre forcément un déséquilibre entre ceux qui
stimulent (adrénaline, dopamine, acétylcholine) et ceux qui apaisent
(sérotonine, GABa).
Lorsqu’on
sait que les neurotransmetteurs contribuent, entre autres, à façonner
notre comportement, on comprend que leur déséquilibre influence
profondément notre personnalité.
Les
recherches en cours mettent ainsi en évidence l’influence de
l’alimentation sur l’équilibre de notre flore intestinale, et donc sur
notre comportement. Il est démontré qu’une malabsorption du fructose ou
du lactose, ou encore qu’une flore méthanogène favorise la dépression.
Un excès de polyamines (parfois rattaché à un excès protéique) favorise
les douleurs, l’anxiété et les troubles de la coordination ou du
comportement compulsif. Il faut rester attentif à la valeur de nos
pulsions alimentaires qui sont révélatrices d’un dysfonctionnement aussi
bien physiologique que psychologique.
Du nouveau sur l’équilibre bactérien
Le
déséquilibre bactérien conduit aussi à une fermentation excessive qui
produit des graisses et alcools, entraînant un excès de graisse
viscérale et une inflammation hépatique qui perturbent gravement le
métabolisme (surpoids, cholestérol, hypertension et diabète). Dans les
conditions d’un déséquilibre, les bactéries vivantes produisent des
toxines qui rendent la paroi intestinale perméable au passage de plus
gros fragments de bactéries et d’aliments, des fragments que les
globules blancs sous-muqueux essaient de détruire, ce qui provoque une
inflammation. Or toute inflammation chronique entraîne une baisse de
l’immunité antivirale et antitumorale de l’organisme, d’où un plus grand
risque de développer un cancer. La fermentation intestinale est ainsi
devenue la principale cause de mortalité dans le monde occidental.
Pour
éviter cette fermentation bactérienne, la première solution est
alimentaire. Elle préconise l’arrêt des laitages et des pré- et
probiotiques, qui créent une pullulation bactérienne, la diminution de
la portion quotidienne de fruits crus et le blanchiment des légumes. Il
faut aussi opter pour des protéines de volailles et poissons, et
abandonner celles de mammifères. En effet, tous les mammifères possèdent
des récepteurs appelés « siglec » qui diminuent les réactions
inflammatoires aux germes les plus courants et les moins agressifs. Chez
les humains, ils ont muté il y a 100 000 ans et réagissent moins
violemment aux germes courants, et les nouveau-nés développent moins de
septicémies aux streptocoques. Quand on consomme de la viande de
mammifères, ses récepteurs siglec, moins inhibiteurs, se fixent sur nos
membranes et interfèrent avec les nôtres. On augmente alors le risque de
développer un statut inflammatoire chronique…
Quant
à la seconde solution contre la fermentation, elle est sportive : le
vélo et la course à pied, en particulier, augmentent significativement
les capacités d’absorption de l’intestin grêle.
Dans
le cas d’une détérioration de l’intestin grêle installée, le Dr Bruno
Donatini, gastro-entérologue spécialisé en immunologie et cancérologue,
recommande un traitement antiviral ou anti-Helicobacter pylori dont
l’objectif est de diminuer la flore du côlon ou de l’estomac grâce à des
mycélia de champignons (le Coriolus versicolor, le Ganoderma lucidum ou
le Hericium erinaceus). On prendra également des huiles essentielles
pendant les repas (Thym vulgaire riche en linalol, menthe poivrée,
Origan, Cannelle de Ceylan, Clou de Girofle ou encore Citrus
officinalis, Gingembre, Tea tree) contre les clostridium ou les
acinetobacters surabondants. Ces huiles sont fixées sur des fibres
d’écorces et sur un mycélium de Laetiporus sulfureus qui inhibent la
lipase pancréatique des huiles essentielles et empêchent qu’elles soient
absorbées dans l’estomac ou les anses jéjuno-iléales. Ces huiles
essentielles se libèrent dans le côlon où elles auront toute leur
efficacité pour lutter contre la pullulation bactérienne. Ce mycélium
est aussi un bon immunostimulant. Ce traitement désinfecte peu à peu
l’intestin, surtout sa partie basse, et stimule l’immunité antivirale et
antitumorale du grêle.
Des protéines inconnues dans les produits laitiers
L’index
glycémique très bas des produits laitiers et des yaourts incite
aujourd’hui encore les médecins et les diététiciens à les recommander à
leurs patients, y compris diabétiques. Or des chercheurs suédois et
danois ont récemment découvert que l’indice insulinique des yaourts
était en fait élevé, à cause de l’abondance de protéines inconnues dans
le lactosérum des produits laitiers. Des recherches doivent confirmer
ces travaux.
Manger
du yaourt, c’est donc une fausse bonne idée, aussi bien pour les
diabétiques que pour les consommateurs en général, car les protéines
perturbent gravement le système immunitaire et diffusent des messages
hormonaux de croissance inutiles et même dangereux pour des adultes dont
la croissance, justement, est terminée…
A
la lumière de ces études récentes qui mettent l’intestin au centre de
la santé, certaines certitudes sur l’alimentation et la digestion
doivent donc être sérieusement réévaluées.
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