Les pyramides de Bosnie
Dernière modification le 01/12/2012 à 21h57
En Bosnie, la découverte d'un amateur est conspuée par les pros de l'archéologie qui crient au canular. Avant que l'affaire soit instruite, le cas est déjà jugé. Le dossier mérite pourtant qu'on s'y attarde.
Voici les faits tels que les a exposé la presse de l'époque :
"L’hypothèse de la pyramide de Bosnie appelée aussi pyramide bosniaque
ou colline de Visočica, a fait figure d'une bombe dans la presse en
octobre 2005. La colline de Visočica, haute de 213 mètres, occupe le
centre de Visoko, ancienne capitale bosniaque, au nord de Sarajevo. Vue
sous certains angles, elle a une forme symétrique pyramidale. Semir
Osmanagić, écrivain bosniaque, en a déduit que cette forme pourrait être
d'origine humaine." (source)
Sa théorie n'a reçu aucune reconnaissance
de la part de la communauté archéologique internationale et a été
dénoncée par une pétition d'archéologues comme un "canular cruel" et un "gaspillage de ressources" (source)
Pourtant, Semir Osmanagić a peaufiné ses arguments : bien que la plus
grande partie de l'Europe fut, il y a 12.500 ans, couverte d'épaisses couches de glace,
le bord méridional européen, de l'Espagne à la Turquie, en passant par
l'Italie, la Croatie et la Bosnie était favorable à l'essor de
civilisations.
"Le
développement des civilisations du Pacifique, de l’Atlantique et des
pays du Moyen Orient, a laissé de fortes traces sur l’architecture, la
vie économique et spirituelle des civilisations du sud de l’Europe. La
présence multimillénaire de la civilisation des Illyriens sur ces
espaces a laissé derrière elle ces pyramides comme le témoignage de leur
civilisation. Les couches glaciaires qui ont fondu à cette période, ont
provoqué l’élévation du niveau de la mer de plusieurs centaines de
mètres." (source)
Les
traces de ces civilisations auraient été ainsi couvertes par la mer.
Puis avec le temps le niveau de mer a reculé laissant place au
développement de la vie végétale sur les ruines oubliées. Les auteurs
ont successivement publié plusieurs datations.
Ainsi, en 2005, au moment de la découverte du site, Osmanagić déclarait
que ces pyramides avaient été construites en -12.000. Puis il a
précisé, quelque temps plus tard, que la datation de ce site pouvait
osciller entre -12.000 et -500. (source)
Enfin, après les découvertes faites dans
l’année 2006, il a déclaré que ces pyramides sont peut-être les plus
anciennes découvertes à ce jour. (source)
Cette incertitude quant à la datation exacte des monuments, ainsi que
ses théories discutables concernant l'existence de la cité d'Atlantide,
lui ont valu de fortes critiques des experts internationaux. (source) Il est difficile de trancher un litige de cette importance sans expertise.
A première vue, Osmanagić n'est pas trop fixé sur les dates, ce que n'invalide pas la qualité de son intuition. La présentation que donne l'article de Wikipédia est tout à fait orientée : "Vue sous certains angles, la colline de Visočica a une forme symétrique pyramidale."
Pour l'encyclopédie en ligne, l'affaire est jugée sans être instruite.
Mais les cinq collines découvertes par l 'écrivain ont des formes
pyramidales trop nettes et trop semblables pour être de simples caprices
de l'érosion.
La présence de formes géométriques régulières
est une occurence si peu naturelle qu'elle mérite,
au lieu de dérision, un examen approfondi.
Certes, on n'a pas affaire ici à une
pyramide construite à l'aide de blocs de pierre, comme dans le cas des
pyramides mexicaines ou egyptiennes. Ces structures pyramidales sont
sculptées directement dans la roche de la montagne. Pour obtenir les
effets de forme requis, ce procédé a pu se révéler plus économique que
de bâtir la même structure à l'aide de millions de pierres. Cette façon
de faire évoque plutôt la pyramide sommitale de Machu-Picchu, qui m'a toujours donné l'impression d'avoir été travaillée pour lui donner cette forme - parfaite sur le plan vibratoire.
On
comprend le désir d'Osmanagić de réunir une équipe de fouille pour que
ces sites troublants soient examinés de plus près. Combien de
chercheurs bénévoles sont ainsi rebutés par un corporatisme qui "tente d'éloigner les curieux, les farfelus et les incompétents qui se prennent pour des chercheurs"
? Dommage. Cette dérision et ce mépris ne sont pas de mise ; ils se
retourneront toujours contre leurs auteurs. Peut-être ne s'agit-il que
d'un hasard, mais le cas est douteux ; des investigations s'imposent
avant de ricaner.
Demain appartient aux bénévoles. For the times they are a-changin'
Osmanagic s'en sert, il s'entête. D'ores et déjà, de nombreuses
structures régulières évoquant des assises, des marches ou des dallages
de rues ont été mises à jour. Laissons les équipes de cet écrivain
poursuivre leur travail de fouilles. Sans doute le beau rêve
débouchera-t-il sur une impasse. Mais pour l'écrivain, il restera un
bon délire et un beau sujet de bouquin. Qu'importe pour cette fois qui
aura raison, des apparatchiks ou du rêveur de réalité ?
Il y a tant d'autres énigmes que les archéologues condamnent sans examen. A l'autre bout du monde, sous les eaux bleues de la Mer de Chine Orientale, se dresse la cité submergée de Yonaguni. Et sous les eaux vertes de l'océan Indien, tant de merveilles sommeillent encore sous les algues. Plongeurs, à vos bouteilles !
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