La guerre du Sphinx
Gardien silencieux des plus célèbres des pyramides d'Egypte, depuis des millénaires le grand Sphinx propose ses énigmes au visiteur. Oedipe a eu sa réponse, mais ce n'était pas la bonne question.
« Qu'est-ce qui marche le matin sur quatre pattes, à midi sur deux pattes, et le soir sur trois pattes ? » Oedipe avait répondu : « L'homme. Bébé, il marche à quatre pattes. Puis sur ses deux jambes. Enfin, il doit s'aider d'une canne. »
Au-delà de l'individu, voyons la race humaine : après une longue
période de bipolarisation, bien-mal, âme-corps, blanc-noir,
lumière-ténèbres, l'humanité va-t-elle enfin marcher sur ses trois
« pattes », comme le triskell, comme la très antique trinité ?
Le Sphinx nous pose tellement d'énigmes ! Aucun autre monument au monde n'a suscité autant de polémiques, où la mauvaise foi le dispute à l'obsession du complot, où la quête du scoop se heurte au culte du secret. Premier mystère : celui de son âge. Alors que la majorité des égyptologues le jugent contemporain de la pyramide de Khéops, en principe érigée il y a quatre mille ans, d'autres pensent que le Sphinx est bien antérieur. La grande pyramide aussi, d'ailleurs, comme nous l'avons montré précédemment.
Anthony
West et Graham Hancock soutiennent que le Sphinx a pu être sculpté par
des pré-Egyptiens autour de l'an -10.500. Cette date ne sort pas d'un
chapeau, c'est celle que donne Edgar Cayce.
Mais en l'occurence, West et Hancock lui donne une assise vérifiable.
La date de -10.500 s'appuie ici sur des faits solides. West a constaté
que le Sphinx a été couvert de sable pendant la majeure partie de son
histoire. Dans ce cas, comment a-t-il pu être si dégradé ?
Son corps montre les marques de striures horizontales profondes qui n'ont pas pu se faire tant qu'il était sous le sable.
West a fait appel à son collègue Robert Schoch, professeur de géologie
à l'université de Boston, pour évaluer la nature de l'érosion du
Sphinx. Après une étude sérieuse, le géologue a conclu que ces
« altérations » étaient dûes à l 'eau, plutôt qu'au vent et au sable,
comme on le pensait souvent. Il daterait donc de la fin de l'âge
glaciaire, lorsque l'Egypte connaissait des précipitations abondantes,
ce qui lui donne au moins 7000 ans d'âge. (source)
Schoch
a présenté ses conclusions à un large forum de géologues et sa thèse a
été bien acceptée. Les archéologues s'en sont offusqués, mais ils n'ont
jamais accepté que des géologues piétinent leurs plates-bandes. A
l'appui de cette thèse brillante, Colin Reader a noté que la tête
actuelle "de pharaon égyptien" est beaucoup trop petite par
rapport au corps du Sphinx et que, même s'il a été vandalisé le visage
ne s'est pas altéré comme le corps, ce qui tend à prouver qu'il n'est
pas l'original.
Reader pense que cette tête de pharaon a été resculptée à partir d'une tête de lion très abimée par les pluies, comme le corps. Voilà pourquoi la tête est si petite. Sans cette tête de pharaon, le Sphinx n'a plus rien d'égyptien, il n'a même plus rien d'un Sphinx. C'est juste un vieux lion raviné par les pluies dans un passé si lointain que les Egyptiens eux-mêmes l'aurait jugé impossible : il aurait pu être sculpté pendant cette ère zodiacale, le Lion, qui couvre bien la période de 10500 av. EC.
Nous savons aussi que l'ère géologique
connue sous le nom de Pléistocène s'est terminée autour de cette date,
que ce fut la fin du dernier âge glaciaire, qui s'est assorti d'un
volcanisme mondial, qu'une extinction animale de masse a accompagné
cette fin, que la population humaine a été décimée au point que toutes
les cultures du Paléolithique supérieur ont disparu à la même époque. (source) Ces arguments pourtant sérieux n'ont pas mis fin à la bagarre archéo-géologique.
Mais
la vraie guerre du Sphinx fait de celle-ci une vulgaire escarmouche.
Elle oppose les tenants de la nouvelle archéologie au tout-puissant
gourou des antiquités égyptiennes, Zahi Hawass.
Les néo-archéos s'appuient sur d'autres recherches, comme celles des
géologues cités plus haut, ou celle des crypto-astronomes, résumée par
Robert Bauval, qui aurait trouvé la même date de -10.500 pour l'érection
de la grande Pyramide, en se fondant sur des données astronomiques de
l'époque.
Zahi
Hawass, de son côté, ne veut rien savoir et distribue au compte-goutte
les autorisations de visite ou de fouilles sur tout le territoire
égyptien. Il vient de faire ceinturer l'ensemble du plateau de Gizeh
d'un impressionnant mur de béton qui vient compléter la mise sous
séquestre des hauts-lieux pré-Egyptiens déjà commencée à Abydos par les
bons soins de l'armée égyptienne. Maître Hawass a beau se retrancher
derrière son titre de docteur en égyptologie, ce n'est qu'un diplôme de
complaisance offert par les Etasuniens.
Mais il y a bien pire : aux dires des
égyptologues, le Docteur Hawass, secrétaire général du SCA depuis 2002,
exerce sur eux tous un contrôle dictatorial, sans compter ses
dissimulations, calomnies et détournements de fonds qui ne l'arrêtent
pas dans ses agissements. Un égyptologue chevronné fait cette confidence
: "Je me rends souvent en Egypte, et lorsque je parle à des gens du
gouvernement, la plupart n'apprécient pas Hawass et ses grands airs.
De nombreux archéologues font un
excellent travail là-bas ; quiconque visite le pays et s'intéresse à l
'égyptologie peut s'en rendre compte. Le seul problème, c'est Hawass et
le SCA. Zahi Hawass a été imposé à l'Egypte par des Etasuniens, ils ont
choisi un ignare qu'ils ont bombardé docteur avant de la placer à la
tête du SCA, mais c'est leur pantin." (source) Pourquoi ce complot ? Pour protéger des secrets qui, comme les questions ufologiques, ne doivent pas être révélés.
Laissons la parole à l'accusé, "l'agence Hawass" en personne : "Pendant
des années, j'ai discuté avec des gens comme Anthony West, Robert
Bauval et Graham Hancock qui prétendent qu'une civilisation disparue il y
a 10.000 ans aurait laissé des secrets dans des tunnels et des chambres
creusées sous le Sphinx. Ils ont insisté pour qu'on fasse des forages
afin de trouver ces chambres. J'ai toujours refusé cela par le passé,
faute de justification scientifique." (source)
Voilà Maître Hawass pris en
flagrant délit de mensonge. Treize ans plus tôt, le 14 avril 1996, il
avait lui-même annocé à la presse égyptienne qu'il y avait des tunnels
cachés sous le Sphinx et autour des pyramides. Selon lui, ces passages
allaient révéler "de nombreux secrets concernant la construction des pyramides."
En fait, son rapport Histoire du Sphinx nous fournit une autre
précieuse indication : avec l'aide des Etasuniens, le SCA a pratiqué des
forages sous le sphinx pour pomper l'eau d'un lac souterrain qui fait
la taille du plateau.
C'est
sur le tracé de ce lac qu'a été édifiée la muraille de béton. Pourquoi ?
Parce que dès que l'eau aura été pompée, l'accès aux vastes chambres
souterraines sera possible par des dizaines d'ouvertures réparties sur
le plateau. Chacun pourrait donc s'y introduire et faire ses propres
découvertes qui échapperaient au contrôle strict du SCA. En dépit de ses
mensonges, on comprend que Zahi Hawass prépare une opération
d'envergure : l'exploration de ces salles qui selon lui n'existent pas.
Ou plutôt préparait : la révolution
égyptienne a eu raison de ce singulier personnage. Souhaitons que son
successeur soit moins rocambolmesque et plus pratique, car l'Egypte est
une affaire trop sérieuse pour qu'on la confie aux égyptologues...
Au
delà de ces chamailleries, on peut craindre que les Etasuniens gardent
pour eux les résultats de ces fouilles et les innovations technologiques
qu'ils y trouveront, si Hancock et les autres ont vu juste, ce qui est
plus que probable. Ces chercheurs ont réalisé depuis des décénies un
travail qui surpasse celui de la plupart des égyptologies, il est juste
qu'un jour on les reconnaisse pour ce qu'ils sont : des géants.
Souhaitons que pour eux la belle Isis abandonne enfin tous ses voiles.
Et si le Sphinx, avec ses
énigmes et les passions qu'il déchaîne, était tout simplement dans son
rôle ? Si les Anciens l'avaient bâti justement dans ce but ? Si le
Sphinx était notre maître à Rêver
? Même si cette salle qu'il protège n'existe pas, son prodigieux
contenu est bien réel, le Sphinx est à coup sûr le redoutable gardien
d'une connaissance disparue, dont la portée, semble-t-il, pourrait
changer notre destin. Ainsi, grâce à la porte qu'il recèle, le Sphinx
devient canal du Rêve, et le Rêve n'en finit pas de nous enchanter.
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