Eau en bouteille ou du robinet : quelle est la plus polluée ?
(Raïssa Bandou / Flickr)
19 substances dans l'eau du robinet, 4 micro-polluants dans l'eau de
bouteille... WWF a passé au crible notre boisson quotidienne, et alerte
sur sa dégradation croissante.
Etes-vous
plutôt eau en bouteille ou eau du robinet ? Dans les deux cas, des
polluants stagnent au fond de votre verre. WWF a mené l’enquête, traquant 180 molécules – des PCB au Bisphénol A
en passant par les pesticides – potentiellement nocives pour notre
santé. Rassurons-nous, les normes qui définissent une eau potable sont
tout à fait respectées. Moins rassurant : ces normes ne tiennent pas
compte de l’effet à long terme de ces substances consommées à faible
dose, ni de leur « effet cocktail » (réaction spécifique lors de
l’exposition à plusieurs substances). Des effets particulièrement
pressentis dans le cas des perturbateurs endocriniens.
Source : Rapport 2011 « Eau de boisson » WWF
Pour traiter cette eau, on y ajoute (entre autres) systématiquement du chlore. On cherche ainsi à éliminer une cinquantaine de « familles » de contaminants, et en premier lieu les microbes, les germes indicateurs de pollution fécale, les pesticides, les nitrates, etc.
Malgré ces précautions, quelques substances peu ragoûtantes demeurent. Ainsi, WWF a détecté, dans la cinquantaine de villes analysées :
Résultats de l’enquête : sur une quinzaine de bouteilles, on trouve 4 micro-polluants. Au menu, des nitrates, de l’aluminium, de l’antimoine, et du plomb.
Source : Rapport 2011 « Eau de boisson » WWF
Malgré le plastique de la bouteille, on ne déguste pas - bonne nouvelle - de Bisphénol A. En revanche, ce plastique, produit à base de pétrole, n’est pas toujours recyclé et met des siècles à disparaître de la nature. A compter aussi dans le bilan carbone des bouteilles : le transport. 25% d’entre elles ne sont pas consommées dans leur pays de production.
Pour l’ONG, la principale source de pollution de l’eau est l’agriculture intensive. Les conséquences sont patentes : 443 points de captage d’eau ont dû être abandonnés entre 1989 et 2000. Au rayon nitrates, 75% des points de mesure sont classés en niveau moyen ou mauvais. Des normes de qualité environnementale (NQE) existent pourtant. Mais certains produits comme les « polluants émergents » (phtalates, substances pharmaceutiques...) sont tout simplement absents de la liste des 33 « substances prioritaires » de la Directive cadre sur l’eau de 2000.
Bref, reste un problème de fond, soulève WWF : « Jusqu’à quel point pourra-t-on potabiliser de l’eau brute de plus en plus polluée ? »
Source : Rapport 2011 « Eau de boisson » WWF
Côté robinet
Question préliminaire : d’où vient l’eau qui coule sans fin de notre robinet ? 2/3 est puisé dans les nappes souterraines, 1/3 à la surface, dans les lacs et les rivières. Au total, 30 000 points de captage d’eau produisent chaque jour 18,5 millions de m3 du précieux liquide. Une quantité digne d’un tsunami... qui équivaut, grosso modo, à 189 bouteilles d’eau par jour et par habitant.Pour traiter cette eau, on y ajoute (entre autres) systématiquement du chlore. On cherche ainsi à éliminer une cinquantaine de « familles » de contaminants, et en premier lieu les microbes, les germes indicateurs de pollution fécale, les pesticides, les nitrates, etc.
Malgré ces précautions, quelques substances peu ragoûtantes demeurent. Ainsi, WWF a détecté, dans la cinquantaine de villes analysées :
- 6 polluants dans l’eau de 14 villes
- des nitrates dans 90% des eaux
- de l’aluminium (neurotoxique, facteur de risque de démence et de la maladie d’Alzheimer selon l’INVS, Institut de veille sanitaire) dans plus de 50% des eaux.
- des HAP (hydrocarbure aromatique polycyclique) – polluant toxique et cancérigène -, et de l’atrazine, un perturbateur endocrinien et polluant persistant issu d’un herbicide interdit depuis 2003, dans 20% des eaux. Au passage, une étude de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) sur des femmes enceintes, publiée cette année, a montré que « les femmes ayant des traces d’atrazine dans les urines ont 50% de risques supplémentaires d’avoir un enfant ayant un faible poids à la naissance et 70% de risques supplémentaires d’avoir un enfant ayant une faible circonférence crânienne ».
Côté bouteille
Même question pour l’eau en bouteille : d’où vient-elle ? Cette fois, la réponse est simple : à 100% de gisements souterrains profonds. L’eau de source ou minérale ne subit aucun traitement de désinfection biologique, mais d’autres traitements (notamment avec de l’air enrichi en ozone) induisent également des « sous-produits de désinfection ».Résultats de l’enquête : sur une quinzaine de bouteilles, on trouve 4 micro-polluants. Au menu, des nitrates, de l’aluminium, de l’antimoine, et du plomb.
Source : Rapport 2011 « Eau de boisson » WWF
Malgré le plastique de la bouteille, on ne déguste pas - bonne nouvelle - de Bisphénol A. En revanche, ce plastique, produit à base de pétrole, n’est pas toujours recyclé et met des siècles à disparaître de la nature. A compter aussi dans le bilan carbone des bouteilles : le transport. 25% d’entre elles ne sont pas consommées dans leur pays de production.
La « pollution croissante des eaux brutes »
Bouteille ou robinet, « le vrai problème est la dégradation sans fin de la qualité des eaux brutes, à laquelle il faudra bien répondre durablement », souligne Serge Orru, directeur général de WWF France, cité dans le rapport.Pour l’ONG, la principale source de pollution de l’eau est l’agriculture intensive. Les conséquences sont patentes : 443 points de captage d’eau ont dû être abandonnés entre 1989 et 2000. Au rayon nitrates, 75% des points de mesure sont classés en niveau moyen ou mauvais. Des normes de qualité environnementale (NQE) existent pourtant. Mais certains produits comme les « polluants émergents » (phtalates, substances pharmaceutiques...) sont tout simplement absents de la liste des 33 « substances prioritaires » de la Directive cadre sur l’eau de 2000.
Bref, reste un problème de fond, soulève WWF : « Jusqu’à quel point pourra-t-on potabiliser de l’eau brute de plus en plus polluée ? »
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