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Décroissance, vous avez dit décroissance ?


Point de vue : Pour une décroissance abondante

decroissance

Pourquoi ne vivons nous pas la prospérité?
Le système économique dans lequel nous vivons est basé sur la rareté car c’est ce qui donne de la valeur aux choses. Ce culte de la rareté nous pousse à fonctionner par peur du manque, entraînant une capitalisation (parfois maladive) de tout ce dont nous pourrions un jour avoir besoin, à commencer bien sûr par l’argent…

On donne par bonne conscience, par conformisme à l’adage disant qu’il faut « donner pour recevoir », mais que valent ces dons? Nous ne croyons pas en l’abondance et pourtant elle ne dépend que de nous! Un objet rare et unique circulant au gré du besoin des gens est bel et bien synonyme d’abondance. Même dans un monde limité, la confiance en la vie (qui nous apporte ce dont nous avons besoin à chaque instant) ainsi que l’apprentissage du don réel et de la joie de recevoir (jusqu’à aller demander!) sont les clefs de l’abondance. La plus grande difficulté est bien souvent celle de recevoir, car recevoir un cadeau pour noël, c’est facile, mais comment recevoir un don réel, celui qui fait don de soi?! C’est pour ma part ma plus grande limite, à commencer par les free hugs…
Sobriété heureuse et abondance frugale
Si personne n’est capable de recevoir, comment pourrait se propager le don? Comment apprendre à recevoir avec joie si nous visons la sobriété?
Tout d’abord, voyons pourquoi sobriété et frugalité peuvent être mises en juxtaposition avec les notions de bonheur et d’abondance. Ces deux expressions appartient au lexique des décroissants qui considèrent que notre économie n’est pas compatible avec les limites environnementales de notre planète. Ils souhaitent attirer l’attention sur l’existence d’un chemin compatible avec le respect de notre planète et la joie d’y vivre! Bien que le message soit juste, les expressions utilisées recèlent un danger et pourraient bien nourrir le système en place… Notre esprit fonctionne ainsi que nous nous imprégnons des expressions tandis que le message qu’elles véhiculent s’efface… d’où l’importance de leur choix!
Oser voir ses souffrances…
La majorité des décroissants suivant la démarche de simplicité volontaire auront le plaisir de se déclarer heureux. Mais, sommes nous réellement capable de distinguer le véritable bonheur? Thomas d’Ansembourg, auteur du livre « cessez d’être gentils soyez vrais », nous met en garde contre ce devoir que nous avons d’être heureux: « puisque l’on peux toujours trouver plus malheureux que soit sur cette planète », « comment oserions nous être malheureux avec ce que nous avons, alors que tant de gens n’ont rien ». Devant cette culpabilité généralisée, peu d’entre nous réussissent à observer les souffrances que les bouddhistes nous invitent justement à démêler pour atteindre le bonheur. Je partirai donc du constat que nous nous croyons heureux, mais que nous ne le sommes pas car le chemin est long pour y accéder et une majorité d’entre nous ne l’on pas même entamé.
… pour occuper pleinement sa place
Mais alors, pour toutes ces personnes au bonheur éphémère qui recherchent l’abondance lointaine, que reste-t-il? La sobriété et la frugalité… Thomas d’Ansembourg formule une deuxième injonction nous rappelant que depuis tout petit on nous rabâche qu’on est « pas là pour rigoler » et qu’il faut « travailler dur pour mériter ce qu’on a », créant ainsi « un mouvement de cisailles ou de mâchoire [en rapport avec la première injonction] qui casse ou broie l’élan de vie en instaurant dans le cœur de beaucoup d’entre nous non pas la confiance en soi et en la vie, mais le doute, voire la peur d’exister, d’être vivant, d’être soi, d’occuper pleinement sa place ». Les mots sobriété et frugalité, ne sont-ils pas limitant pour nos esprits? Sommes nous capable d’occuper PLEINEMENT notre place en toute sobriété? Comment appeler à soi les ressources nécessaires à une vaste créativité si nous nous contentons du strict minimum? Ne sommes nous pas en train de nous mentir lorsque nous attachons nos efforts à faire preuve de sobriété, de simplicité, de frugalité et déclarons être heureux? Je ne retrouve pas la Vie… ces mots me coupent de toute joie, alors comment faire?
Voir au delà des désirs… le besoin
La communication non violente, CNV pour les intimes, est une méthode inventée par Marshall B. Rosenberg qui permet, avec de la pratique, de comprendre ce qui anime réellement nos actions et de répondre avec justesse à nos besoins profonds. Nos réactions aux situations de la vie courante sont d’importants révélateurs de nos besoins intérieurs et nous pouvons apprendre à les voir afin de reconnaître l’essentiel du superflu dans nos vies. Le superflu, par exemple, apparaît principalement avec les désirs et les envies de tous les jours. L’assouvissement de ces désirs aboutit à une satisfaction de bien courte durée, comme lors d’achats compulsifs. On notera d’ailleurs l’alimentation de cette caractéristique humaine par le système publicitaire qui l’exploite comme une vache à lait… [Petite pub les déboulonneurs et leurs actions anti pub justement ;) ]
Pratiquer la CNV, permet de comprendre ce que nos désirs cachent comme besoin inassouvis. Les besoins inassouvis créent la souffrance tandis qu’ils créent un sentiment de bien être lorsqu’ils sont assouvis. Le premier apprentissage est d’arriver à ne plus confondre nos désir avec nos besoins:
- un besoin est universels à tous les humains (bien être, survie, interdépendance…)
- un besoin est indépendant de toute personne, objet ou action
- enfin un besoin a pour caractéristique d’avoir toujours une multitude de façon d’être assouvis.
Lorsque ce besoin est mis à jour, il démultiplie l’énergie de nos actions car plus aucun frein ne persiste en nous. C’est ainsi que nous pouvons choisir en conscience les actions qui nous paraissent essentielles et cela sans le moindre doute. Selon l’individu concerné et le contexte de la situation, un voyage en avion peut par exemple se révéler essentiel dans la vie de la personne, répondant à un besoin profond pour laquelle aucune autre solution satisfaisante n’est possible.
Note pour ceux qui souhaitent aller un peu plus loin: Je vous invite à lire les excellents livres de Marshall Rosenberg et Thomas d’Ansembourg dont « Etre heureux, ce n’est pas nécessairement confortable » depuis lequel les citations précédentes ont été prises
De l’importance d’assouvir TOUS ses besoins
La satisfaction des besoins est quelque chose d’essentiel, à ne pas opprimer. Les besoins inassouvis génèrent une forme de violence au quotidien que l’on ne voit pas ou que l’on juge inhérent à la vie de tout être humain… Ce qui est dénoncé par de nombreuses spiritualités comme le bouddhisme par exemple: chacun a les ressource pour stopper ses souffrances. Une attention de tous les instants est nécessaire pour apprendre à démasquer nos réactions : réponses automatiques, colères, fuites… Ces réactions qui nous pourrissent la vie et celle des autres, sont pour moi la véritable pollution de cette planète…
Prenons le cas d’un militant écolo extrémiste (je connais bien ce cas pour l’avoir vécu de l’intérieur!). Cet individu est capable de nombreux sacrifices, poussé par son besoin de sens et d’authenticité mais dans l’oubli parfois de son besoin de préservation de temps et d’énergie. Cette lutte permanente en lui à travers ses actions, sans conscience de la violence qu’il se fait à lui même, peut se révéler dévastatrice dans sa communication avec les autres. C’est en effet dans ces cas là que vous entendez le discours écologiste directement culpabilisant qui ne vous donne qu’une envie, c’est de foncer dans votre voiture!
C’est ainsi que l’étau « sobriété heureuse » ou encore « abondance frugale » peuvent engendrer un effet non désiré: celui d’une frustration inconsciente génératrice de violence au quotidien et peu convaincante dans son rapport aux autres… Le message véhiculé à l’origine est juste, mais n’ayons pas peur des mots: soyons en abondance!
Alors, en route vers l’abondance ?

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