Dossier : Gaz de schiste

La folie du gaz de schiste


 
Des Etats-Unis à la Chine en passant par la Pologne, les immenses gisements annoncés de gaz de schiste, encore peu exploités, éveillent les convoitises. Et redessinent un nouvel équilibre du monde en termes de ressources énergétiques.

Carte des réserves mondiales



Le gaz de schiste est un dossier brûlant. Certains défendent son intérêt économique et d'autres insistent sur les lourds problèmes que créerait son exploitation.


Qu'appelle-t-on les gaz de schiste?

Les gaz et le pétrole («huile») de schiste (ou de roche-mère) sont des hydrocarbures prisonniers dans des roches très profondes et faiblement poreuses (schiste, argile, calcaire...) dans lesquelles ils sont éparpillés. Le terme est impropre, puisqu'il s'agit plutôt d'une exploitation non conventionnelle d'un gaz naturel dispersé à une profondeur de 1.500 à 3.000m.

Qu'est-ce que la fracturation hydraulique?
Cette technique, maîtrisée par les Américains, consiste à «fracturer» la roche avec un mélange d'eau, de sable et de produits chimiques projeté à haute pression afin de libérer les hydrocarbures. Le forage vertical oblique à l'horizontale au niveau du gaz. Après un forage, le mélange mêlé de gaz remonte à la surface. La fracturation hydraulique a été bannie, l'an dernier, par la France.

Pourquoi tant d'intérêt pour ce gaz?

Avec
la raréfaction de l'or noir et du gaz, il devient plus rentable d'aller chercher ces hydrocarbures dont les réserves sont très importantes, et que l'on trouve ailleurs que dans les pays classiquement pétroliers. La France est considérée, avec la Pologne, comme le pays européen ayant le meilleur potentiel. ExxonMobil a cependant décidé de se retirer de Pologne, où les gisements explorés ne présentaient pas de quantités commercialement exploitables.

Quel est l'impact environnemental?
Aux États-Unis, où la fracturation est pratiquée à grande échelle, une bonne partie des eaux usées remontent à la surface, et sont décantées dans des stations d'épuration. Une autre reste dans les profondeurs, au risque de contaminer la nappe phréatique. À noter encore les fuites possibles de méthane au cours de l'extraction (3,6 à 7,9% de la production, selon les chercheurs), un gaz aussi nocif que le CO2, avec un impact vingt fois plus important mais une durée de présence dans l'atmosphère beaucoup plus courte. L'utilisation de milliers de tonnes d'eau pour chaque fracturation n'est pas non plus sans effet sur l'environnement. Enfin, l'exploitation des gaz de schiste va à l'encontre du principe de réduction de la consommation énergétique, défendu par les écologistes.


courrierinternational.com

 La position de Claude Allègre

Dans cet entretien à La Provence, Claude Allègre, géochimiste et ancien ministre de l'Education nationale du gouvernement Jospin, affirme qu'on ne peut se passer du gaz de schiste, "sauf si on veut fabriquer encore des chômeurs et continuer à payer 47 milliards par an aux Russes pour leur gaz." Une position à contrepied des écologistes pour celui qui avait déjà suscité la polémique en dénonçant "l'imposture climatique".
"Mais, précise le scientifique, au risque de paraître contradictoire, je suis du côté des opposants dans les conditions actuelles. Tout d'abord parce que le droit minier ne permet pas en France, à l'inverse des États-Unis, aux habitants et aux collectivités de tirer profit des découvertes dans leur sous-sol. S'ils pouvaient gagner de l'argent avec le gaz de schiste, tout serait différent.
Ensuite", pousuit-il dans la quotidien marseillais, "parce qu'il faut transporter de l'eau sur les lieux de forage pour le procédé de fracture hydraulique et ne pas risquer d'assécher les rivières sur les sites. Enfin, il convient de protéger les nappes phréatiques et de traiter l'eau salie par les opérations. Nous savons faire cela mais aujourd'hui, les textes d'encadrement sont trop flous. Mais de grâce, prenons des précautions réglementaires mais ne vivons pas dans la peur. Le gaz de schiste a créé 600.000 emplois aux États-Unis et leur facture énergétique a chuté."
Pour l'homme politique, "aujourd'hui, les écologistes nous nuisent. Je parle des écologistes politiques, ceux qui sont capables de justifier tous les blocages, de nous imposer une industrie des roues de charrette."


Claude ALLÈGRE : Héraultais d’origine, chercheur et ancien ministre
« Connerie »
Vous expliquez qu’en refusant OGM et gaz de schiste, la France est vouée à être un pays sous- développé...
Je dis aussi qu’on n’est pas prêt aujourd’hui. Je ne donnerai pas de permis d’exploitation.
 Il faut d’abord changer le code minier. Il faut que les habitants et les collectivités locales y aient un intérêt financier. Au Texas, les gens ne paient pas d’impôt, ce sont les compagnies pétrolières qui les paient à leur place. En Languedoc, avec les gaz de schiste, vous serez riches, vous pourrez construire un nouvel Antigone à Montpellier ou je ne sais quoi. J’ai une petite propriété dans l’Hérault. Si on me dit qu’on va faire un forage dans mon champ, je suis contre. C’est ça le problème n°1.

Un hydrogéologue montpelliérain (lire en bas de page) dit que le sous-sol languedocien est trop fragile...
C’est une connerie. Le seul problème, c’est l’étanchéité des forages. Il y a des technologies. Là encore, la France est en retard. Les forages se font à 2 000 ou 3 000 m  et la nappe phréatique est à 200 m.  Il y a eu deux accidents sur 30 000  orages aux USA. Vos farfelus, ils devraient réfléchir à deux fois. Le premier problème de ce pays, c’est le chômage. Et la question c’est : est-ce que c’est raisonnable d’importer du gaz de schiste à Poutine ?

Vous sortez un livre ce mois-ci intitulé “Découvrir la terre”. Quelle en est l’idée conductrice ?
C’est un livre didactique. Un demi-siècle après la tectonique des plaques, on fait le point de notre connaissance de la terre. Il est écrit avec une Montpelliéraine, Laure Meynadier, dont le papa était professeur à la faculté de médecine de Montpellier.
Recueilli par A. B. midilibre.fr


Pourquoi l'exploitation du gaz de schiste en France mérite un débat

Par Nicolas Stiel, lu dans Challenge.fr
"Si la France était en période de croissance, on n'en aurait jamais reparlé." Pas faux le diagnostic de Jean-Luc Bennahmias, député européen du MoDem et opposant résolu au gaz de schiste. Ce gaz non conventionnel contenu dans des roches sédimentaires argileuses compactes à plus de 2.000 mètres de profondeur est l'un des fils rouges de la conférence environnementale qui a débuté ce vendredi 14 septembre à Paris. François Hollande a d'emblée choisi son camp. "Actuellement, personne ne peut affirmer que l’exploitation des gaz et huile de schiste est exempte de risque pour l’environnement et pour la santé" a expliqué le chef de l'Etat pour justifier le rejet par l'Etat de sept demandes d'exploration.
Mais il y a fort à parier qu'on reparlera du sujet lors du grand débat sur la transition énergétique qui s'ouvrira en octobre. Car la question mérite effectivement qu'on se penche sur les tenants et les aboutissants d'une exploitation susceptible de changer en profondeur la donne pour la France.
Il y a un an, le gaz de schiste était sorti des écrans radars. Après une forte mobilisation citoyenne, le Parlement avait banni la technique controversée de la fracturation hydraulique, seul procédé connu pour l'extraire. Il n'y avait pas eu de débats. L'émotion avait pris le pas sur la raison. Le 13 juillet 2011, l'Assemblée nationale avait voté la loi avant d'entendre le rapport parlementaire. "La France a fermé la porte des gaz de schiste avant de l'ouvrir", avait résumé Gérard Mestrallet, le PDG de GDF Suez. Dans l'ambiance du Grenelle de l'environnement, cette énergie fossile n'avait pas droit de cité. A l'époque, Jean-Marc Ayrault n'avait d'ailleurs pas voté le texte, trop timoré à ses yeux. Les gaz de schiste, il faut les interdire, disait-il alors.
Aujourd'hui, le Premier ministre affirme que le débat n'est pas "tranché". Opposant d'hier rattrapé par le principe de réalité ? Oui, mais pas seulement. Comme le dit Bennahmias, il y a la crise. La crise qui s'est encore aggravée et qui pousse à mener un travail d'introspection, à tout remettre à plat, à analyser secteur par secteur les domaines où l'on peut mieux faire.
Faire face à la montée inexorable du prix de l'électricité
La France importe 99% de son pétrole, 98% de son gaz. Cette dépendance énergétique n'est pas nouvelle. La nouveauté, c'est la flambée du brent et les répercussions qu'elle entraîne. L'an dernier, la facture énergétique a atteint un record de 62 milliards d'euros, 40 milliards de plus qu'au début du siècle. Elle représente 90 % du déficit commercial. Depuis 2005, les tarifs de l'énergie ont explosé: +18% pour l'électricité, +29% pour les carburants, +47% pour le gaz, dont les prix sont indexés sur ceux du pétrole. Cela ne va pas s'arrêter. La rareté des ressources, les tensions au Moyen-Orient, le coût croissant du nucléaire entretiennent le mouvement haussier. Le prix de l'électricité, par exemple, devrait augmenter de 50% d'ici à 2020.
Pendant ce temps, près de 4 millions de ménages vivent en situation de précarité énergétique, consacrant plus de 10 % de leur budget au paiement des factures d'électricité et de gaz. Une situation intolérable qui a fi ni par faire bouger les lignes. Cet été, des experts comme Claude Allègre et des décideurs comme Claude Perdriel (propriétaire de Challenges) ont signé des tribunes en faveur du gaz de schiste. Les lobbyistes de Total et de GDF Suez ont alerté les politiques. Peut-on à la fois se révolter contre l'augmentation du prix du gaz et refuser d'étudier les potentialités d'une nouvelle ressource? Une ressource qui pourrait constituer "un pas vers l'autonomie énergétique", comme l'affirme la dernière étude de la Fondation Concorde ("Gaz de schiste, exploitons nos réserves").
Des réserves qui permettent d'assurer plus de deux siècles de production
"Quand on est dans une situation économique comme aujourd'hui difficile [ ...], ne pas se donner la possibilité de développer du gaz, c'est dommage", déclarait fin août Christophe de Margerie. Le gaz de schiste, le PDG de Total y croit dur comme fer. Et comme la France lui est interdite, le pétrolier plante des drapeaux à l'étranger. Aux Etats-Unis, où il a pris 25 % de deux gisements du spécialiste Chesapeake, en Argentine, en Pologne, au Danemark (forages prévus début 2013), et même en Chine via un accord avec l'entreprise Sinopec.
Avec le schiste, les réserves mondiales de gaz ont quadruplé. On les estime maintenant à 250 ans. Autre point positif, ces réserves sont géographiquement mieux réparties que celles du gaz conventionnel. Du pain bénit pour les pays qui veulent réduire leur dépendance énergétique, et pour les industriels qui rêvent d'un jackpot à l'américaine. Grâce au shale gas, les Etats-Unis sont désormais autosuffisants. Le pays est devenu un laboratoire grandeur nature. Pour Total notamment. Mais aussi pour GDF Suez. La firme n'exploite pas directement le schiste. Mais elle compte bien profiter du gaz américain à prix bradés. Que la ressource soit conventionnelle ou non conventionnelle n'a pas d'importance.
Le Français veut exporter du gaz liquéfié (et une partie sera forcément issue du shale gas). Ce sera possible fin 2016, quand le groupe, avec son partenaire Sempra Energy, aura construit son usine de liquéfaction en Louisiane, sa première unité outre-Atlantique.
Quid de l'exploitation en France ?
GDF Suez n'a en revanche rien en France. L'an dernier, le géant s'était rapproché du spécialiste américain Schuepbach dans l'espoir de décrocher un permis d'exploration de gaz de schiste. L'interdiction de la fracturation hydraulique a mis fi n aux pourparlers. Total, qui avait obtenu un permis d'exploration de 4.000 kilomètres carrés dans la zone de Montélimar, était en phase plus avancée. Mais depuis la loi du 13 juillet 2011, il est au même point - mort - que GDF Suez.
Que pèse le gaz de schiste en France? Personne ne le sait vraiment. Le potentiel techniquement récupérable est très important, estimé à 5 000 milliards de mètres cubes. Soit l'équivalent de 21 fois le gisement gazier de Lacq (Pyrénées-Atlantique) ou un siècle de consommation! Un siècle de consommation d'une ressource qui a déjà doublé dans le bilan énergétique français ; et dont l'Agence internationale de l'énergie promet une nouvelle progression de 50 % d'ici à 2035. Une ressource qui émet deux fois moins de CO2 que le charbon, 30 % de moins que le pétrole.
Ce nouvel eldorado, s'il est confirmé, chamboulerait notre politique gazière. "En 2005, Jacques Chirac, craignant une pénurie de gaz, s'était félicité d'avoir conclu un contrat avec les Russes qui assurait l'avenir énergétique du pays, rappelle Samuel Furfari, conseiller énergie à la Commission européenne. Si, demain, la France exploite le gaz de schiste, cette question sera évacuée." Fini, alors, les tarifs du gaz indexés sur ceux du pétrole, fi ni, les hausses de prix à deux chiffres, fini le désavantage compétitif vis-à-vis des Etats-Unis.
Une facture énergétique allégée de 10 milliards d'euros
A l'inverse, d'heureuses perspectives s'ouvrent pour les industries grosses consommatrices de gaz, comme la chimie et la pétrochimie. "L'an dernier, nos achats de gaz se sont élevés à 500 millions d'euros, indique le PDG de Solvay, Jean-Pierre Clamadieu. Si nous avions bénéficié des prix américains, nous aurions économisé 300 millions." D'après le ministère du Développement durable, l'exploitation du gaz de schiste allégerait la facture énergétique de 10 milliards d'euros. "Quelques dizaines de milliers d'emplois pourraient être créés en France", estime Pascal Baylocq, président du comité de réflexion sur les gaz non conventionnels au sein du Groupement des entreprises pétrolières.
Mais la comparaison avec les Etats-Unis (600 000 emplois créés) ne doit pas aveugler. La France n'est pas l'Amérique. Plus dense, notre pays ne dispose pas des immenses surfaces vierges du Texas et du Dakota propices à l'exploitation intensive. Et les propriétaires fonciers français ne détiennent pas les droits du sous-sol. Il y a donc moins d'intérêt à y faire fructifier l'or gris. Ensuite, on ne connaît pas l'état réel de la ressource. Il n'existe aucune carte officielle des réserves potentielles. En Pologne, les premières prospections ont été décevantes (80 % inférieures aux prévisions), ce qui a conduit le géant Exxon Mobil à plier bagage.
Les écologistes résolument hostiles
Bruno Courme, directeur Europe du gaz de schiste pour Total, balaie cependant la question d'un revers de main: "La question n'est pas de savoir s'il y a du gaz, mais de savoir si on peut le produire." Car, pour le moment, seule la fracturation hydraulique permet de le faire. Cette technologie est interdite. Mais les process ne cessent de s'améliorer, disent en coeur les industriels. Adoption de standards de sécurité plus drastiques, mise en place d'outils de traçabilité assurant l'intégrité des puits, acceptation d'enquêtes publiques préalable aux délivrances de permis (ce qui stipulerait une réforme du Code minier)... les pétroliers sont ouverts à toutes les propositions pour que le dossier soit réexaminé.
Cette perspective fait hurler les écologistes. Pour eux, le shale gas, c'est d'abord une énergie fossile, une énergie du passé dont il faut se désintoxiquer. "Savoir que notre sous-sol possède d'énormes réserves de gaz de roche ne doit pas nous obliger à les exploiter, quels que soient les progrès techniques", estime Noël Mamère, député Europe Ecologie-les Verts de Gironde. Les écologistes craignent aussi que l'exploitation, demain, du gaz de schiste, comme celui du pétrole au large de la Guyane, n'occulte les objectifs du Grenelle de l'environnement.
Paranoïa? Pas totalement. Les filières éolienne et photovoltaïque ont beaucoup souffert du poids écrasant de l'industrie nucléaire. Peut-on à la fois exploiter un gaz situé à plus de 2.000 mètres de profondeur, militer pour la sobriété et l'efficacité énergétique, et développer les renouvelables? A cet improbable grand écart, la conférence environnementale va tenter d'apporter une réponse.

Gaz de schiste : controverse sur les effets des forages

ARNAUD BOUCOMONT midilibre.fr
Séverin Pistre évoque « un réseau de failles très intense » en Languedoc. (© D.R)
D’ici un mois ou deux, les camions vibreurs devraient avoir sondé le sous-sol du Gard et de l’Ardèche, pour le compte de la société MouvOil, en quête de traces précises d’hydrocarbures, qu’il s’agisse au final de pétrole, d’huile ou de gaz de schiste. De quoi réactiver mobilisations et peurs (Midi Libre du 15 septembre), les opposants prévoyant déjà de s’enchaîner aux camions.
L’hydrogéologue montpelliérain Séverin Pistre croit savoir pourquoi la question des gaz de schiste interpelle autant dans la région : "L’eau y est rare. Il y a des sources. C’est l’eau qu’on boit. Dans l’inconscient collectif, on est attaché à ces choses-là." Et on a raison de l’être, affirme-t-il.
400 000 personnes alimentées en eau potable
De retour de Pennsylvanie, aux USA, et du Québec - qui vient d’annoncer hier un moratoire sur les gaz de schiste -, où il accompagnait début septembre une délégation d’élus du Lot-et-Garonne, l’hydrogéologue est plus inquiet que jamais sur les exploitations potentielles d’hydrocarbures dans le sous-sol karstique languedocien. "Notre région a été pressurée entre les Pyrénées et les Alpes, avec un réseau karstique de failles très intense. L’essentiel de nos ressources vient de ses roches-là, comme la source du Lez, avec 400 000 personnes alimentées en eau potable."
"Le devenir des boues radioactives"
L’hydrogéologue Séverin Pistre Séverin Pistre estime que l’imperméabilité des forages n’est pas garantie, que les nappes d’eau pourraient être impactées quelques mois et quelques années plus tard. Il s’interroge aussi sur "le devenir des boues radioactives". Car depuis 2 000 ou 3 000 mètres de profondeur, on remonte quantité de radionucléides et de métaux lourds, présents naturellement dans le sous-sol. Et le chercheur de citer l’exemple de Lodève et Saint-Affrique où on exploitait l’uranium. Ou encore de l’ancienne mine de Saint-Sébastien-d’Aigrefeuille, près d’Anduze, et son stock d’arsenic à ciel ouvert.
L’enjeu sur l’eau, à l’en croire, est à la fois "quantitatif et qualitatif" : sur la consommation d’eau pour fracturer la roche ("10 000 à 20 000 m3, l’équivalent de quatre à huit piscines olympiques") et sur les pollutions ultérieures. Les produits mélangés avec le sable et utilisés pour la fracturation, "du formol, du benzène, peuvent être cancérigènes", observe Séverin Pistre.
"Les industriels ratissent tout le sous-sol"
En Amérique, il s’est nourri de témoignages. Au Québec, il a entendu des voisins expliquer que "le prix des maisons chutait, avec des compagnies d’assurance qui disent “Il faut payer plus parce qu’il y a plus de risques”". En Pennsylvanie, le chercheur n’a "pas été impressionné par les dégâts visibles, à l’exception des grandes trouées dans la forêt pour faire passer les gazoducs et les carrières qui minent le paysage, parce qu’il faut bien apporter du sable pour fracturer la roche et stabiliser les routes et les plateformes".
Les dégâts, explique-t-il, sont cachés : "Les industriels ratissent tout le sous-sol", avec des forages qui partent à la verticale puis à l’horizontale "en formes de fourchettes". D’ici là, les opposants ne sont pas prêts à se laisser manger tout crus.
Aujourd’hui, à Saint-Christol-lez-Alès, un rassemblement antigaz de schiste est programmé, dans le cadre d’une journée mondiale. De 10 h à 19 h.
Esprit libre
Séverin Pistre, 47 ans, s’est découvert une passion pour les gaz de schiste sur le tard. Il y a deux ans, l’université
Montpellier 2 reçoit une demande d’éclaircissements techniques sur le gaz de schiste, émanant du conseil général de l’Hérault.

Il participe avec trois collègues à la rédaction d’un texte qui s’avérera être « un des premiers rédigés en français et adressés au grand public ». Depuis, il n’arrête pas. Une cinquantaine de conférences depuis début 2011 et deux exposés devant la commission européenne, à Bruxelles.

Il a d’autant plus multiplié les conférences que certains de ses collègues chercheurs les refusaient. « Beaucoup de géologues et leurs labos travaillent en collaboration avec Total ou GDF, qui financent leurs travaux, souligne Séverin Pistre. Pour ceux qui courent après une carrière, il vaut mieux qu’ils fassent les morts. Moi, je pense que c’est une occasion assez rare de montrer que le chercheur payé par le contribuable sert à quelque chose. »
Lu dans midilibre.fr

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