Netanyahou, président de la droite américaine ?
Le rapprochement de l'Iran et des USA est l'oeuvre de Barack Obama, certes il reste un long chemin à faire, mais à ce jour l'Iran n'est plus l'ennemi à abattre des USA. C'est ce qui pose problème aux dirigeants d'Israël, qui ne supporte plus depuis longtemps la présence de son voisin musulman.
Seulement voila, lors des prochaines élections américaines, si le parti Républicain porte son leader à la maison blanche en 2016, cette politique de rapprochement tombera dans le néant, et quid des tentations de déstabilisation de Netanyahou auprès de ses amis Républicains américains. C.R.
Lire aussi Obama réaffirme son « désaccord marqué » avec Nétanyahou sur le dossier nucléaire iranien
par Serge Halimi, mercredi 4 mars 2015
http://www.monde-diplomatique.frSeulement voila, lors des prochaines élections américaines, si le parti Républicain porte son leader à la maison blanche en 2016, cette politique de rapprochement tombera dans le néant, et quid des tentations de déstabilisation de Netanyahou auprès de ses amis Républicains américains. C.R.
Lire aussi Obama réaffirme son « désaccord marqué » avec Nétanyahou sur le dossier nucléaire iranien
par Serge Halimi, mercredi 4 mars 2015
Il y a une vingtaine d’années, un ancien candidat républicain à l’élection présidentielle américaine avait comparé le Congrès des Etats-Unis à un « territoire israélien occupé ». En 2015, il est devenu inimaginable qu’un dirigeant républicain s’exprime avec autant de perfidie. M. Benyamin Netanyahou et ses idées s’imposent en effet sans résistance et sans effort dans le cénacle des parlementaires de Washington. Ils rencontrent davantage d’opposition… à la Knesset israélienne.
La chose ne s’explique pas uniquement par une majorité républicaine dans les deux chambres du Congrès, car les démocrates — et M. Barack Obama lui-même — ne refusent presque jamais rien à la droite israélienne et à son puissant lobby, l’AIPAC (1). Défendant devant celui-ci la cause du président des Etats-Unis et de son administration, Mme Samantha Powers, ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies, vient de rappeler que, ces six dernières années, le président Obama avait consacré 20 milliards de dollars à la sécurité d’Israël (2).
Néanmoins, en partie pour des raisons religieuses liées à la prégnance chez les évangélistes les plus conservateurs de théories fumeuses sur l’Apocalypse (3), en partie parce que le Parti républicain, comme l’actuel premier ministre israélien, adore décrire un Occident encerclé d’ennemis (en général musulmans) afin de justifier des interventions armées plus nombreuses et des dépenses militaires plus plantureuses, M. Netanyahou est devenu le héros de la droite américaine, son Winston Churchill. Celui qu’elle aimerait avoir comme chef d’Etat plutôt que l’actuel locataire de la Maison Blanche, un homme qu’elle exècre au point de douter sans cesse de son patriotisme, voire de la nationalité américaine inscrite sur son passeport (4).
Lors de la dernière expédition meurtrière d’Israël à Gaza, enthousiasmée par les moyens employés à cette occasion, l’une des vedettes de Fox News, Ann Coulter, avait avoué : « J’aimerais que Netanyahou soit notre président. Oui, bien sûr, parfois des enfants paDevant le caractère grossier — pour ne pas dire la grossièreté — de la démarche, M. Obama s’est montré plus audacieux qu’il n’en a l’habitude : il a fait savoir aussitôt qu’il ne recevrait pas le premier ministre israélien. Et même que ni son vice-président Joseph Biden ni son secrétaire d’Etat John Kerry n’assisteraient au discours solennel du chef du Likoud, destiné à pourfendre la politique étrangère de leur administration sous un tonnerre d’applaudissements parlementaires. Il y a près de trois ans, pour expliquer l’engagement inhabituellement voyant de M. Netanyahou dans la campagne présidentielle de M. Mitt Romney contre M. Obama, le quotidien israélien Haaretz soulignait déjà que le premier ministre israélien « ne parle pas seulement anglais, ou même américain, il parle couramment le républicain. »
Sa fastidieuse diatribe devant le Congrès des Etats-Unis permettra-t-elle à M. Netanyahou de rendre politiquement impossible tout accord entre Washington et Téhéran en présentant celui-ci comme un nouveau Munich, et M. Obama comme un Chamberlain nouvelle manière ? Lui assurera-t-elle un avantage électoral grâce auquel il l’emportera une nouvelle fois lors du scrutin du 17 mars prochain (lire Marius Schattner, « Le coup de poker de M. Netanyahou », dans Le Monde diplomatique de mars) ? En tout cas, cette fois, « Bibi l’Américain » semble avoir réalisé l’impossible aux Etats-Unis : il a indisposé une partie de l’opinion publique, qui lui était jusqu’alors largement acquise quoi qu’il fasse et quoi qu’il dise.
(1) Sur le rôle de ce lobby, lire Serge Halimi, « Le poids du lobby pro-israélien aux Etats-Unis », « Israël, plus que jamais enfant chéri de l’Amérique » et « Aux Etats-Unis, M. Sharon n’a que des amis », Le Monde diplomatique, respectivement août 1989, mai 1991 et juillet 2003.
(2)
L’administration Obama a par ailleurs opposé son veto à toutes les
résolutions des Nations unies critiquant Israël, y compris quand elles
se contentaient de reprendre des formulations américaines… Et les
Etats-Unis ont quitté l’Unesco lorsque, en 2011, la Palestine y a été
admise.
(3) Lire Ibrahim Warde, « Il ne peut y avoir de paix avant l’avènement du Messie », Le Monde diplomatique, septembre 2002.
(4)
Le 18 février dernier, l’ancien maire de New York et ancien candidat
républicain à la Maison Blanche M. Rudolph Giuliani a déclaré : « Je
ne crois pas, et je sais que c’est terrible à dire, que ce président
aime l’Amérique. Il ne vous aime pas et il ne m’aime pas. Il n’a pas été
élevé comme vous et moi dans l’amour de ce pays. »
(5) Fox News, 31 juillet 2014.
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soit-elle. Nous savons que nous pouvons compter sur vous.
Faites un donAbonnez-vousM. John Boehner, président républicain de la Chambre des Représentants, a donc, sans prévenir M. Obama, invité cet homme à poigne afin qu’il explique aux parlementaires américains que la politique iranienne de la Maison Blanche menace l’existence même d’Israël. Spécialiste de la communication et ayant une longue expérience des Etats-Unis, où il fut ambassadeur de son pays auprès des Nations unies (ce qui lui valut des centaines d’invitations dans les médias), le premier ministre israélien n’a pas manqué de se recueillir devant le mur des Lamentations (et quelques caméras) avant de s’envoler pour Washington. Et d’y assimiler sans relâche le régime iranien avec celui du IIIe Reich.
Devant le caractère grossier — pour ne pas dire la grossièreté — de la démarche, M. Obama s’est montré plus audacieux qu’il n’en a l’habitude : il a fait savoir aussitôt qu’il ne recevrait pas le premier ministre israélien. Et même que ni son vice-président Joseph Biden ni son secrétaire d’Etat John Kerry n’assisteraient au discours solennel du chef du Likoud, destiné à pourfendre la politique étrangère de leur administration sous un tonnerre d’applaudissements parlementaires. Il y a près de trois ans, pour expliquer l’engagement inhabituellement voyant de M. Netanyahou dans la campagne présidentielle de M. Mitt Romney contre M. Obama, le quotidien israélien Haaretz soulignait déjà que le premier ministre israélien « ne parle pas seulement anglais, ou même américain, il parle couramment le républicain. »
Sa fastidieuse diatribe devant le Congrès des Etats-Unis permettra-t-elle à M. Netanyahou de rendre politiquement impossible tout accord entre Washington et Téhéran en présentant celui-ci comme un nouveau Munich, et M. Obama comme un Chamberlain nouvelle manière ? Lui assurera-t-elle un avantage électoral grâce auquel il l’emportera une nouvelle fois lors du scrutin du 17 mars prochain (lire Marius Schattner, « Le coup de poker de M. Netanyahou », dans Le Monde diplomatique de mars) ? En tout cas, cette fois, « Bibi l’Américain » semble avoir réalisé l’impossible aux Etats-Unis : il a indisposé une partie de l’opinion publique, qui lui était jusqu’alors largement acquise quoi qu’il fasse et quoi qu’il dise.
(1) Sur le rôle de ce lobby, lire Serge Halimi, « Le poids du lobby pro-israélien aux Etats-Unis », « Israël, plus que jamais enfant chéri de l’Amérique » et « Aux Etats-Unis, M. Sharon n’a que des amis », Le Monde diplomatique, respectivement août 1989, mai 1991 et juillet 2003.
(2)
L’administration Obama a par ailleurs opposé son veto à toutes les
résolutions des Nations unies critiquant Israël, y compris quand elles
se contentaient de reprendre des formulations américaines… Et les
Etats-Unis ont quitté l’Unesco lorsque, en 2011, la Palestine y a été
admise.
(3) Lire Ibrahim Warde, « Il ne peut y avoir de paix avant l’avènement du Messie », Le Monde diplomatique, septembre 2002.
(4)
Le 18 février dernier, l’ancien maire de New York et ancien candidat
républicain à la Maison Blanche M. Rudolph Giuliani a déclaré : « Je
ne crois pas, et je sais que c’est terrible à dire, que ce président
aime l’Amérique. Il ne vous aime pas et il ne m’aime pas. Il n’a pas été
élevé comme vous et moi dans l’amour de ce pays. »
(5) Fox News, 31 juillet 2014.
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