° Examen : les casques à œillères des candidats thaïlandais
° Tricher aux examens : un sport national en Indonésie
Lu sur courrierinternational.com :
Promis juré, c’est la dernière fois. Les casques antitriche
ne seront plus utilisés lors des examens, a assuré Tanaboon Sajjaanantakul, le
doyen de l’université Kasetsart de Bangkok, en Thaïlande. ”Les gens nous ont
critiqués, disant que ce chapeau n’était pas approprié, nous ne l’emploierons
plus”, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
Selon The Nation, ce couvre-chef fait de feuilles A4 a été
porté par 90 étudiants et il a été créé pour décourager ces derniers de pomper
sur leur voisin. Il a été conçu par des élèves à la demande d’un de leurs
professeurs, indique le quotidien thaïlandais. ”Je veux inculquer un
comportement éthique et le sens de l’honnêteté à mes élèves. J’exige que ceux
qui trichent soient punis et j’ai demandé à mes étudiants qu’ils trouvent une
façon d’empêcher la triche”, explique Nattadol Rungruangkitkrai.
”En fait, on a trouvé que ce chapeau nous aidait à nous
concentrer”, déclare l'une des candidates, Chanantorn Jiravejdechacharn, qui
déplore les commentaires acerbes postés sur Facebook après publication de la
photo de l’examen. La jeune fille se dit attristée par les internautes
décrivant les étudiants à œillères comme soumis, opprimés ou tricheurs. Le
réseau social montre également des candidats coiffés de cartons d’emballage.
Claire Maupas.
Tricher aux examens : un sport national en Indonésie
Le HuffPost/AFP
ÉDUCATION - Après avoir fait leur prière pour obtenir une
bonne note à leurs épreuves de fin d'année, un groupe de lycéens indonésiens a
reçu un texto: "Venez une heure et demie plus tôt et vous aurez les
réponses". C'était leur professeur qui proposait de vendre les résultats
des examens pour 30.000 roupies indonésiennes (environ deux euros).
"Il leur a dit que l'argent servirait à rénover une
mosquée dans le quartier", explique Febri Hendri, de l'organisation
"Indonesia Corruption Watch" (ICW). Chaque année, des millions de
lycéens indonésiens de 17-18 ans passent leurs examens de fin d'études
secondaires, remplissant au crayon à papier des dizaines de pages de QCM, tout
en sachant pertinemment quelles cases cocher.
Marché noir des examens
Les bonnes réponses sont disponibles très facilement sur le
"marché noir des examens", pour un prix variant entre 50.000 et
100.000 Rps (4 à 8 euros). On peut également se procurer des livres contenant
les réponses sur l'eBay indonésien, voire recevoir directement les réponses,
moyennant finances, sur son téléphone portable le jour des épreuves.
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Les télévisions nationales se gaussent chaque année du
phénomène en diffusant des images d'élèves dans la salle d'examens pianotant
sur leur téléphone portable avec plus ou moins de discrétion, sous l'oeil
nonchalant du surveillant.
Souvent même, ce sont les professeurs qui donnent eux-mêmes
à leurs élèves les réponses, et parfois gratuitement, afin d'éviter de se faire
rappeler à l'ordre par leur hiérarchie pour avoir une classe médiocre. De ce
fait, seuls 76 des 125.000 lycéens de la capitale Jakarta ont échoué à leurs
épreuves finales. Et sur l'ensemble du pays, le ministère de l'Education s'est
cette année encore glorifié d'un taux de réussite supérieur à 99% (99,48%
exactement).
Mauvaise foi
Pourtant, les études PISA, menées par l'Organisation de
coopération et de développement économiques (OECD) dans 65 pays sur les
adolescents de 15 ans, ont classé l'Indonésie à la 57e place en littérature,
60e en sciences et 61e en maths.
"Bien sûr que certains élèves trichent mais ce n'est
pas si répandu", assure le porte-parole du ministère, Ibnu Hamad. Selon
lui, le fabuleux taux de réussite officiel serait dû aux faibles exigences des
examens. "Les élèves sont nombreux à réussir car nous avons fixé les épreuves
à un niveau bas. Nous prévoyons de le relever d'année en année", a-t-il
expliqué.
La tricherie est tellement répandue que les élèves honnêtes
sont désavantagés
"J'ai révisé pendant environ 14 heures par jour, pour
être certaine d'être proche des bons résultats que les tricheurs vont
avoir", raconte Fitra, une lycéenne de 18 ans, qui affirme être l'une des
rares de sa classe à ne pas tricher. Selon elle, 26 de ses 31 camarades ont
acheté les réponses des épreuves pour environ 100.000 roupies (moins de 8
euros).
La corruption est si acceptée que ce sont souvent ceux qui
dénoncent le système qui se font punir, plus que les tricheurs. Et les parents
honnêtes n'osent que très rarement protester, par peur de la vindicte
populaire. Ainsi, Sami, une mère de famille, avait osé en 2011 porter plainte
auprès du ministère de l'Education après avoir appris que le professeur de son
fils avait fourni les réponses.
Elle a failli être lynchée: une centaine de personnes de son
voisinage l'ont prise à partie, la traitant de "sans coeur". Elle a
été contrainte de présenter des excuses publiques et chassée de son quartier,
elle et sa famille. Des dizaines de millions de jeunes apprennent ainsi dès le
plus jeune âge que la corruption fera partie de leur vie et que l'honnêteté ne
paie pas.
"Cela prépare les jeunes dès le plus jeune âge à
tricher. Le système met en avant une culture indonésienne de la corruption,
tandis que nous devrions apprendre à nos enfants qu'être Indonésien, c'est être
honnête", enrage M. Hendri, le militant anticorruption d'ICW.
La corruption est considérée comme endémique dans l'immense
archipel de 240 millions d'habitants : l'organisation Transparency
International ne place le pays qu'au 118e rang, sur 176, dans le palmarès des
nations les moins corrompues.
Le ministère de l'Éducation corrompu
Parallèlement, le quatrième pays le plus peuplé de la
planète compte parmi les pires au monde en termes d'enseignement, bien qu'il
consacre 20% de son budget environ à l'éducation. Mais l'argent ne semble pas
arriver jusqu'aux écoles, aux bâtiments parfois décrépits, alors que certains
enseignants attendent parfois des mois leurs salaires.
Le ministère indonésien de l'Education est lui-même
"l'un des ministères les plus corrompus", souligne M. Hendri.
Une enquête est d'ailleurs en cours sur un possible trafic
d'influence après le fiasco des examens finaux que viennent de passer les
lycéens indonésiens: l'entreprise chargée de publier et distribuer les QCM n'a
pas réussi à le faire à temps et en quantité suffisante, malgré la coquette
somme qu'elle a empochée à l'issue d'un appel d'offres.
Ainsi, de nombreux élèves ont dû attendre plusieurs jours
avant de pouvoir passer leurs examens, tandis que leurs camarades dans d'autres
régions d'Indonésie avaient déjà planché. De quoi faciliter encore plus la
circulation des bonnes réponses.
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